Cystites à répétition comment en venir à bout ?
Brûlures intenses lors de la miction, envie incessante d’uriner… Les infections urinaires sont souvent bénignes, mais leurs symptômes empoisonnent la vie, surtout quand elles se répètent ! Quelles solutions sont vraiment efficaces ?
Boire suffisamment d’eau
Ce que l’on entend… Pour éviter les cystites, il faut boire au moins 1,5 l d’eau par jour.
Ce qu’il en est: « Ce qui compte, c’est d’uriner 2 à 3 l d’eau dans la journée pour évacuer les bactéries présentes dans la vessie et éviter qu’elles s’y multiplient, dit le Pr Franck Bruyère, urologue. Ce qui revient à boire au moins 2 l de liquide par jour, thé, café et autres boissons comprises ». Ce n’est pas la solution magique pour se débarrasser des cystites, mais cela aide à réduire leur fréquence !
Prendre des antibiotiques à chaque crise
Ce que l’on entend… Si l’on prend trop d’antibiotiques, on s’expose au risque de développer une résistance à ces médicaments.
Ce qu’il en est : « En prendre à chaque crise, plutôt qu’en prévention sur de longues durées, réduit au total le nombre d’antibiotiques pris, et donc le risque que des bactéries résistantes prolifèrent, bien qu’il subsiste, souligne le Pr Bruyère. Certains sont pris sur un jour, d’autres, pendant 3 à 5 jours. »
Utiliser des savons d’hygiène intime
Ce que l’on entend… Il ne faut pas utiliser de savons agressifs qui perturbent la flore vaginale et forment un terrain favorable aux cystites. D’où le conseil répété d’utiliser régulièrement des gels de toilette intime.
Ce qu’il en est: « N’importe quel savon suffit! recommande le Pr Joëlle Belaïsch-Allart, gynécologue. À condition de l’utiliser une fois par jour pour une toilette externe, au niveau des lèvres, pour ne pas dessécher le vagin. »
Rééquilibrer sa flore avec des probiotiques
Ce que l’on entend… Une cure de probiotiques (lactobacilles) aide à diminuer les épisodes de cystites. Naturellement présentes dans le vagin, ces bactéries protègent sa flore des bactéries responsables des infections urinaires.
Ce qu’il en est: les données sont contradictoires. En 2011, une étude a montré que la prise de lactobacilles sous forme d’ovules à insérer dans le vagin, diminue par deux le risque de crise au bout de dix mois*.
Mais d’autres ne trouvent pas de bénéfices. Pour le Pr Franck Bruyère, « l’étude est très intéressante mais présente des faiblesses. Par exemple, les femmes ayant pris des probiotiques avaient initialement moins de cystites que celles qui n’en ont pas pris. Leur bénéfice n’est pas prouvé, mais ils permettent au moins de restaurer la flore intestinale après une prise d’antibiotiques. »
Faire des cures de canneberge
Ce que l’on entend… La canneberge, consommée en jus ou en gélules, aide à prévenir les récidives. Les tanins qu’elle contient, les procyanidols (PAC), empêchent les bactéries d’adhérer
aux parois de la vessie, facilitant ainsi leur évacuation avec les urines.
Ce qu’il en est: l’action de la canneberge sur les bactéries a été montrée à de multiples reprises. Mais ces effets sur les cystites ne sont pas aussi nets. Certaines études ont souligné les bénéfices d’une cure préventive quand d’autres les contredisent.
Publiée en 2016, l’une d’elle fait pencher la balance du mauvais côté: elle montre que la canneberge ne diminue pas la quantité de bactéries dans les urines**. « Mais elle a été conduite chez des femmes dont la moyenne d’âge était de 86 ans, souligne le Pr Frank Bruyère. Or, la flore bactérienne n’est pas la même que chez des femmes plus jeunes et peut avoir une influence sur la présence de bactéries. En attendant que cette étude soit réalisée chez des femmes plus jeunes, la canneberge, plutôt en gélule pour être certain de la quantité de PAC ingérée (au moins 36 mg de PAC par jour), reste une piste intéressante. Pour booster ces effets, elle peut être associée à d’autres composants, comme la propolis qui rend les bactéries plus sensibles aux antibiotiques, ou le zinc qui renforce les défenses immunitaires. » l ORIANE DIOUX
* Stapleton et al., CID, 2011.
** Juthani-Mehta et al., JAMA, 2016.