Parents

Comment faire quand on n’est pas d’accord…

- Catherine Marchi COACH PSYCHOLOGU­E

Dédramatis­ez… c’est comme ça dans tous les couples

Dans la vie, on se confronte, on s’affronte et c’est plutôt sain. Dans les familles, c’est pareil, il y a des conflits entre les parents, tout simplement parce que chacun a son style éducatif, ses valeurs, son expérience et sa culture familiale. Chacun a son idée sur le rôle d’un père, d’une mère, la place d’un enfant… Et quand chacun veut mettre ses principes en applicatio­n, il se heurte à ceux de l’autre et ça crée des disputes dans le couple. C’est inévitable, tout à fait normal et il n’y a pas à s’en inquiéter. On peut parfaiteme­nt éduquer ses enfants sans être d’accord sur tout, à une condition : que les deux parents s’accordent sur les valeurs fondamenta­les qu’ils veulent donner à leur enfant et qu’ils respectent les méthodes éducatives de l’autre même s’ils ne les approuvent pas.

Élaborez ensemble votre projet éducatif

Le métier de parent s’apprend et se peaufine tous les jours: on tâtonne, on se trompe et surtout, on se parle, on échange, on discute et on rediscute en permanence. Prenez le temps de clarifier vos priorités, les qualités que vous souhaitez développer chez votre enfant, les valeurs éthiques que vous voulez lui inculquer (l’altruisme, le courage, la ténacité, l’optimisme, la rigueur…). Mettez-vous d’accord sur les règles qui vous semblent fondamenta­les, les comporteme­nts qui vous paraissent inacceptab­les, c’est dans le dialogue que votre couple parental va se construire et devenir de plus en plus fort.

Exprimez vos désaccords

Quand quelque chose ne vous convient pas dans l’attitude de votre chéri, dites-le-lui. Et de votre côté, demandez-vous pourquoi ça vous gêne à ce point? Et quand il exprime lui aussi son désaccord, écoutez-le, faites un effort pour comprendre son point de vue. Le dialogue et la négociatio­n sont les deux socles d’une relation de couple qui marche.

Partagez-vous les rôles selon vos affinités personnell­es

Vous êtes très sensible à la politesse et aux bonnes manières à table ? Chargez-vous de cette mission éducative. Votre conjoint est capable de faire respecter l’heure du coucher sans que ça ne lui pose problème? Laissez-le gérer à sa manière la séparation du soir. L’important, c’est de confier à chacun les responsabi­lités éducatives qui lui tiennent à coeur, de se partager les tâches et d’accepter que le papa fasse comme il l’entend, sans exiger de lui qu’il agisse comme vous, vous agiriez à sa place.

Lâchez du lest sur les choses moins importante­s

Dans l’éducation d’un enfant, il y a des petites et des grandes décisions à prendre. Purée de légumes maison ou petits pots? Lui mettre son manteau rouge ou sa doudoune bleue? Le laisser manger un petit morceau de pain frais avant le déjeuner ou pas? Lui permettre de zapper la sieste pour une fois ? Prenez garde à ce que tous les mini-détails du quotidien ne deviennent pas des sujets de disputes. L’éducation de votre petit

L’important, c’est de confier à chacun les responsabi­lités éducatives qui lui tiennent à coeur et de se partager les tâches.

trésor ne doit pas devenir un sujet de discorde permanent, un problème majeur qui pourrait vous amener à envisager une séparation alors qu’il n’y a pas de problème dans votre couple.

Ne vous disputez pas devant votre enfant

Il y a forcément des circonstan­ces où vous allez juger l’attitude de votre chéri trop stricte, trop laxiste, trop ci ou pas assez ça! Lui aussi d’ailleurs. Mais il est essentiel de ne pas mettre les choses au point et d’entrer en conflit devant votre enfant. D’une part, parce que les enfants détestent que leurs parents se disputent devant eux, surtout quand c’est à leur sujet. Ils se sentent coupables et mal à l’aise. Et d’autre part, parce qu’ils peuvent aussi essayer de tirer parti de la situation à leur avantage, en prenant parti par exemple pour leur mère ou pour leur père, ce qui n’est jamais une bonne chose. Ne réagissez jamais à chaud, attendez d’être hors de portée des petites oreilles indiscrète­s pour régler vos comptes et manifester votre désaccord.

Faites front commun !

Ni vous ni votre compagnon ne souhaitez saper votre autorité, et c’est une bonne chose. Pour éviter ça, n’autorisez jamais à votre tout-petit ce que son père vient juste de lui refuser. Ne cédez pas, respectez la position de votre compagnon. Si c’est non, c’est non. Et même si vous êtes agacée, ne mettez pas en doute ses compétence­s éducatives devant votre bout de chou, vous en reparlerez ce soir. Cela ne veut pas dire que vous n’êtes pas différents! Un enfant comprend très vite qu’avec maman, il peut faire telle ou telle chose et qu’avec papa, c’est non. Et inversemen­t…

Évitez les enjeux de pouvoir entre parents

Premier piège qui guette les couples parentaux, la concurrenc­e! Certes, vous êtes tous les deux impliqués, certes vous assumez votre mission de parent avec beaucoup de passion, mais laissez de la place à l’autre! Vous êtes une équipe, vous avancez ensemble. Autre piège, l’un abdique et laisse l’autre décider de tout. C’est sûr, il n’y a plus de conflits, mais celui qui a pris le pouvoir ne sera jamais remis en cause, jamais challengé par l’autre parent. Personne ne viendra corriger ses erreurs, ses excès, et il risque de devenir un véritable tyran domestique.

Ne vous enfermez pas dans le rôle du gentil ou du méchant

Autre piège qui mine l’éducation parentale, le partage des rôles. Papa est le gentil toujours cool, maman la méchante qui impose les règles ou, à l’inverse, maman est la gentille qui cède tout et papa le Père fouettard. Pour bien grandir, un enfant a besoin que ses deux parents fassent preuve alternativ­ement d’autorité et de tendresse.

Essayez de comprendre la position de l’autre

Des erreurs éducatives, il en commet certaineme­nt. Et de son point de vue, vous aussi! Plutôt que de juger par exemple son manque d’autorité, son absence de gestes tendres, sa tendance à couvrir son enfant de cadeaux ou tout autre comporteme­nt que vous estimez inappropri­é, essayez de comprendre les raisons de son “laxisme”, de sa froideur, de sa prodigalit­é… Est-ce qu’il a subi enfant l’autoritari­sme violent d’un père ou d’une mère? Est-ce qu’il a souffert du manque matériel et de ne jamais avoir été gâté? Est-ce qu’il veut réparer à travers son enfant sa propre enfance ? Est-ce que dans sa famille, montrer ses sentiments était un signe de faiblesse? Aider l’autre à comprendre ses motivation­s profondes, en discuter ensemble, sans porter de jugement négatif, permet de régler bien des situations conflictue­lles et d’amorcer des changement­s positifs.

Ne vous enfermez pas dans le rôle du gentil ou du méchant. Ce n’est bon ni pour vous, ni pour votre enfant !

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