Interdits de la grossesse on apprend à relativiser
Mordre dans un sushi, faire un jogging, voyager en avion, on peut ou on ne peut pas ? Enceinte, certains interdits, censés protéger notre santé et celle du bébé, prennent carrément la tête et virent à l’obsession. Marine Promonet, sage-femme, vous aide à
Sushis, saucisson, camembert… est-ce vraiment fini pendant neuf mois ?
« Les poissons et les viandes crues sont à éviter, même s’ils ont été congelés et même s’ils viennent d’un super traiteur qu’on connaît bien », prévient Marine Promonet, sage-femme. Les risques de listériose et d’intoxication alimentaire sont trop importants. En revanche, contrairement aux idées reçues, les fromages à pâte cuite et ceux au lait pasteurisé ne posent aucun problème. Et les charcuteries, les produits préemballés et parfaitement bien conservés (on ne laisse pas le pot de rillettes traîner au soleil pendant un pique-nique!) ne sont pas dangereux. Quant aux oeufs, les normes sont tellement strictes que la cuisson sur le plat ou à la coque ne me semble pas à proscrire. Enfin, les futures mamans qui ne sont pas immunisées contre la toxoplasmose doivent laver leurs fruits et légumes soigneusement.
Crèmes, colorations, maquillage, on doit tout arrêter ?
Les perturbateurs endocriniens présents dans les cosmétiques sont une réalité, mais encore une fois, il faut agir de façon raisonnable, en fonction de ses habitudes. Une femme qui se teint les cheveux depuis une dizaine d’années ne va pas s’arrêter du jour au lendemain! «J’aurais tendance à conseiller d’aller au plus simple pendant la grossesse: un savon, une crème et un peu de maquillage les jours où l’on en a envie. Ce qu’il faut éviter, c’est la multiplication des cosmétiques car on ne maîtrise pas bien les effets de potentialisation des produits entre eux», indique Marine Promonet. Bref, la grossesse est un bon moment pour prendre conscience de ses habitudes et peut être en changer un peu, tester des produits bio ou des rituels beauté plus naturels.
Même pas un petit verre de champagne ?
« Le souci avec l’alcool, c’est qu’on ne sait pas à partir de quel dosage il peut poser problème quand on attend un bébé. C’est pourquoi, la recommandation, c’est “zéro alcool” pendant neuf mois! », prévient la sage-femme. Cette règle ne doit en revanche pas obliger les futures mamans à refuser une part de gâteau dont la pâte contient un bouchon de rhum !
Le stress est-il aussi un interdit de la grossesse ?
On entend fréquemment cette idée selon laquelle le stress de la maman a un impact négatif sur le développement de son bébé. Comme c’est stressant! « Pourtant, le stress n’est pas forcément négatif, il témoigne d’une énergie de bien faire, d’une adrénaline. Je prêche un retour à la bienveillance et à l’indulgence vis-à-vis de soi-même. Le trop-plein d’injonctions (même celle d’être cool) a un effet pervers. On fait ce qu’on peut ! », poursuit Marine.
Est-ce que je peux poser mon ordi sur mon ventre rond ?
Ce n’est pas idéal, mais il faut vivre en accord avec son temps et ses habitudes. On ne peut pas être dans l’anxiété de tout. « Il existe des ceintures qui
protègent des ondes, je n’irai pas jusqu’à les conseiller, mais si une femme enceinte y pense, pourquoi pas?», indique Marine Promonet. En tout cas, deux gestes simples à suivre: éteindre son téléphone et sa box pendant la nuit.
Moins de cinq cigarettes par jour, ça compte ?
Le tabac, même à petites doses, a de multiples conséquences négatives sur le déroulement de la grossesse et la santé du bébé. «L’idéal est donc de réussir à arrêter de fumer pendant la grossesse mais, pour les grosses fumeuses, ça peut être très compliqué de prendre ce virage du jour au lendemain. Mieux vaut se faire accompagner par un tabacologue qui pourra soutenir les efforts, prescrire éventuellement des patchs », conseille la sage-femme.
Comment éviter les effets de la pollution ?
Personne ne peut vraiment y échapper, alors inutile de culpabiliser ! En revanche, on peut limiter la casse en évitant le sport lors de pics de pollution, en aérant bien sa maison tous les matins, en demandant aux fumeurs d’aller dehors (même avec une cigarette électronique) », conseille Marine. Utiliser des produits ménagers plus naturels est également un bon moyen de réduire son exposition aux polluants: vinaigre blanc, bicarbonate de soude, savon de Marseille…
Si je suis malade, je n’ai droit à rien pour me soigner ?
« Il existe des médicaments compatibles avec la
grossesse, donc ne souffrez pas en silence! En revanche, ne prenez rien sans avis médical, même
un traitement que vous aviez l’habitude de suivre avant », prévient Marine. Parlez-en à votre sagefemme ou à votre médecin qui pourront vous faire une prescription adaptée. Pour connaître les médicaments autorisés pendant la grossesse, vous pouvez aller sur le site lecrat.fr.
Le trop-plein d’injonctions (même celle d’être cool) a un effet pervers. On fait juste ce qu’on peut !
Combien de tasses de café maximum par jour ?
Rien ne sert de compter ses tasses de café ou de thé de peur de dépasser les doses. Les recommandations en la matière changent souvent. « Je crois qu’il faut faire preuve de bon sens, s’écouter, être en accord avec ses habitudes de vie. Une femme qui a une consommation importante de boissons excitantes n’aura peut-être pas envie de continuer enceinte », prévient M. Promonet. Le corps rejette souvent “naturellement” ces boissons. Au pire, elles peuvent être remplacées (en dehors du petit déj’ et du midi) par des rooibos ou des tisanes. D’ailleurs, aucune crainte pour celles que l’on trouve toutes faites dans le commerce. Elles ne sont pas suffisamment concentrées en plantes pour présenter un danger.
Jusqu’à quand peut-on voyager enceinte ?
Ce qui doit guider la décision de partir, c’est l’inconfort ressenti dans les transports. « Si on souffre de problèmes veineux ou de dos, on n’aura pas envie de voyager durant des heures. Ensuite, il y a des précautions à prendre: bas de contention dans l’avion et pauses régulières en cas de long trajet en voiture. Les vibrations pourraient éventuellement accroître les risques de contractions en toute fin de grossesse », conseille la sage-femme. Et bien sûr, s’éloigner de la maternité à moins de trois ou quatre semaines de la date présumée d’accouchement induit le risque d’accoucher ailleurs que prévu. Les plus aventurières peuvent emporter leur dossier avec elles, au cas où !