Parents

« De mon point de vue d’expatriée, je me dis que les Allemandes subissent une pression incroyable. »

- ANNA PAMULA ET DOROTHÉE SAADA

« Oh merci beaucoup ! », ai-je dit, étonnée, à la grand-mère de mon mari à la maternité. Je venais de déballer mon cadeau de naissance et découvrai avec stupeur un magnifique ensemble de lingerie. La mamie m’a glissé à ce moment-là un subtil : “Il ne faut pas oublier son couple, aussi…”

Le moins qu’on puisse dire est que cette initiative semblerait farfelue en Allemagne, où les jeunes accouchées deviennent alors plus mères que femmes. Il est même tout naturel de s’arrêter deux ans pour élever ses enfants. Si on ne le fait pas, on nous catalogue assez vite comme mère indigne. Ma maman, la première, me répète sans cesse qu’on met les petits au monde pour les voir pousser. Elle n’a d’ailleurs jamais travaillé. Mais il faut savoir que le système allemand encourage les femmes à rester à la maison grâce, notamment, aux aides gouverneme­ntales. De plus, laisser son bébé à une nourrice ou à la crèche est peu répandu. Les horaires de garde n’allant pas au-delà de 13 heures, les mères qui reprennent le travail font donc le choix du mi-temps. Les Kindergart­en (garderies) ne sont, de toute façon, accessible­s qu’à 3 ans.

« Donne-lui du paracétamo­l ! » J’ai l’impression d’entendre cette phrase en boucle ici dès que mes enfants reniflent

ou sont un peu fiévreux. Cela me surprend beaucoup parce que l’approche de la médecine en Allemagne est très naturelle. Avant toute chose, on attend. Le corps se défend et on le laisse faire. Les médicament­s sont le dernier recours. La tendance fait maison, l’abandon des produits industrial­isés est de plus en plus courant : pas de petits pots, des purées bio, des couches lavables…

Dans la même veine, les femmes se détournent de la péridurale afin de vivre pleinement leur accoucheme­nt. L’allaitemen­t aussi est primordial. On nous dit que c’est dur, mais qu’il faut s’accrocher coûte que coûte. Aujourd’hui, de mon point de vue d’expatriée, je me dis que les Allemandes subissent une pression incroyable. J’ai pu sans culpabilis­er, décidé d’arrêter d’allaiter après deux mois car j’avais mal aux seins, ça ne se passait pas bien et ce n’était plus un plaisir ni pour mes enfants ni pour moi.

En Allemagne, manger n’est pas jouer. Être à table, bien s’asseoir, c’est important pour nous. Pas de bébé qui tripote un joujou pendant qu’on lui met la cuillère dans la bouche sans qu’il s’en aperçoive. Cependant, le pays pense à installer des coins dédiés aux petits dans les restaurant­s pour qu’ils aillent s’amuser. Mais pas à table ! La diversific­ation alimentair­e commence au 7e mois avec des céréales. Le soir plus particuliè­rement, on donne des bouillies de céréales mélangées à du lait de vache et de l’eau, le tout sans sucre. Une fois que l’enfant passe au solide, on arrête le biberon. Du coup, les laits 2e ou 3e âge n’existent pas.

Parfois, je vois en France des parents gronder leurs enfants dans la rue, au parc, chose qui ne se verrait pas en Allemagne. On réprimande les petits une fois rentrés à la maison, jamais en public. Il y a encore quelque temps, on donnait des fessées ou des claques sur les mains, mais plus maintenant. Aujourd’hui, la punition, c’est l’interdicti­on de télévision, ou on leur dit d’aller dans leur chambre !

Vivre en France me fait voir les choses différemme­nt, sans me dire que telle manière est mieux qu’une autre. J’ai par exemple choisi de reprendre le travail quand mes enfants avaient 6 mois. En fait, je trouve parfois les deux visions excessives : mes amies françaises songent à reprendre leur activité et “liberté” au plus vite, quand celles en Allemagne s’oublient trop.

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« Le système allemand encourage les femmes à rester à la maison grâce, notamment, aux aides gouverneme­ntales. »
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