Parents

Maman du monde… en Autriche

Elles viennent d’un autre pays, mais c’est en France qu’elles élèvent leurs enfants. Avec un regard imprégné d’une autre culture. Grossesse, éducation, vie quotidienn­e… elles comparent et nous racontent. Récits de mamans d’ici et d’ailleurs.

- l ANNA PAMULA ET DOROTHÉE SAADA

« Vous pensez partir bientôt quelque part ? Sans votre enfant ? » La sage-femme m’a regardée avec de grands yeux, quand je lui ai demandé comment utiliser le tire-lait. Pour elle, la maman n’a pas forcément besoin d’en connaître le fonctionne­ment. Elle va passer tout son temps avec son bébé jusqu’à ses 2 ans. En Autriche, quasiment toutes les mamans restent à la maison avec leurs petits, minimum un an, et majoritair­ement, deux ou trois ans. J’ai des copines qui ont choisi d’être avec leurs enfants les sept premières années et la société le voit d’un très bon oeil.

Très peu de crèches en Autriche acceptent les enfants de moins d’un an. Les nounous ne sont pas populaires non plus. Si la femme travaille avant d’être enceinte et que son mari a un poste stable, elle lâche facilement sa carrière. Une fois le bébé né, l’Etat autrichien verse 12 000 € à chaque famille, et c’est à la mère de choisir combien de temps va durer son congé maternité. Son poste est assuré pendant deux ans et après, elle peut reprendre à mi-temps. Certaines entreprise­s protègent le poste sept ans, la maman peut ainsi tranquille­ment élever son enfant jusqu’à l’école primaire.

Moi-même, j’ai été élevée dans la campagne autrichien­ne, à Saint-Valentin. On était cinq enfants, mes parents travaillai­ent à la ferme. Ils s’occupaient des animaux et on les aidait de temps en temps. En hiver, mon père nous amenait sur une colline pas loin de la maison et dès l’âge de 3 ans, on a appris à skier. Entre novembre et février, tout était recouvert de neige. On s’habillait chaudement, on attachait les skis à nos boots, papa nous attachait derrière son tracteur et on partait à l’aventure ! C’était la belle vie pour nous, les enfants.

Pour ma mère, ça n’a peut-être pas été si facile d’avoir cinq enfants, mais j’ai l’impression qu’elle se prenait moins la tête que moi

aujourd’hui. On se couchait très tôt – tous les cinq, peu importait l’âge, on était au lit à 7 heures du soir. On se levait à l’aube. Quand on était bébés, on devait rester dans la poussette toute la journée sans pleurer. Cela nous a motivés à apprendre très vite à marcher. Les familles nombreuses conservent en Autriche une assez grande discipline, qui apprend le respect envers les plus âgés, la patience et le partage.

Ma vie à Paris avec mon fils unique est bien différente ! J’adore passer du temps avec Xavier, et je suis vraiment autrichien­ne, parce que je n’imagine pas le laisser dans une crèche ou à une nounou avant qu’il ait 6 mois. Je me rends compte qu’en France, c’est un grand luxe, et je suis très reconnaiss­ante à l’État autrichien d’être aussi généreux. Ce qui m’attriste à Paris, c’ est que je me retrouve souvent toute seule avec Xavier. Ma famille est loin et mes copines françaises, jeunes mamans comme moi, ont repris le travail après trois mois. Quand je vais au square, je suis entourée de nounous. Souvent, je suis la seule maman ! Les bébés autrichien­s sont allaités au minimum six mois, alors, ils ne font pas leurs nuits tout de suite. Ma pédiatre en France m’a conseillé de ne plus lui donner le sein la nuit, que de l’eau, mais je n’arrive pas à sauter le pas. Ça ne me paraît pas “correct” : et s’il a faim ?

Ma mère m’a conseillé d’appeler un spécialist­e pour déterminer où se trouve la source d’eau la plus proche de chez moi. C’est quelque chose d’assez répandu en Autriche. Si un bébé dort au-dessus d’une source, il faut déplacer son lit. Je ne sais pas comment trouver un sourcier à Paris, alors je vais changer la place du lit chaque nuit, et on verra ! Je vais aussi essayer de le réveiller de sa sieste – en Autriche, les bébés dorment maximum 2 heures en journée.

Chez nous, les papas passent les après-midi avec leurs enfants. En général, le travail commence à 7 heures, donc à 16 ou 17 heures, ils sont à la maison. Comme la majorité des Parisiens, mon mari revient seulement à 20 heures, alors je garde Xavier éveillé pour qu’il puisse profiter de son papa. Ce qui m’a surpris le plus en France, c’est la taille des poussettes. Quand mon fils est né, il dormait dans la poussette que j’avais quand j’étais petite. C’est un vrai “carrosse à ressorts”, très grande et confortabl­e. Je ne pouvais pas l’emmener à Paris, alors j’ai emprunté celle de mon frère, plus petite. Avant de déménager, je ne savais même pas que ça existait ! Ici, tout semble petit, les poussettes et les appartemen­ts ! Mais pour rien au monde je ne souhaitera­is changer, je suis heureuse de vivre en France.

source, « Si jamais bébé dort au-dessus d’une comment trouver faut déplacer son lit. Je ne sais pas il la place un sourcier à Paris, alors je vais changer » de son lit chaque nuit, et on verra !

 ??  ?? Son papa Xavier est né en Autriche. est français, sa maman autrichien­ne. Eva, 32 ans, originaire de Saint-Valentin, en Autriche, maman de Xavier, 10 mois.
Son papa Xavier est né en Autriche. est français, sa maman autrichien­ne. Eva, 32 ans, originaire de Saint-Valentin, en Autriche, maman de Xavier, 10 mois.
 ??  ??
 ??  ?? “J’adore passer du temps avec Xavier, et comme une Autrichien­ne, je n’imagine pas le faire garder avant ses 6 mois.”
“J’adore passer du temps avec Xavier, et comme une Autrichien­ne, je n’imagine pas le faire garder avant ses 6 mois.”
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France