Fertilité
La stimulation ovarienne Un coup de pouce pour être enceinte ?
Mais c’est quoi ?
C’est donner un coup de pouce à la nature quand un bébé tarde à venir, et que c’est dû à une anomalie de l’ovulation. « Une femme qui n’ovule pas ou qui a des cycles tous les quarante jours n’a pratiquement aucune chance de tomber enceinte : pas plus de 4 à 5 % par an. Donc en stimulant ses ovaires, on lui redonne les mêmes chances de grossesse que dans la nature, soit 20 à 25 % par cycle pour une femme de moins de 35 ans », explique le Dr Véronique Bied Damon, gynécologue spécialiste en médecine de la reproduction.
Deux types de stimulation
« Il existe deux types de stimulation, expliquet-elle. D’abord celle dont le but est de reproduire la physiologie : on stimule la femme pour obtenir un ou deux follicules mûrs (ou ovules), mais pas davantage. C’est le cas des
stimulations simples dans le but de corriger un trouble de l’ovulation, des ovaires polykystiques, une insuffisance ovarienne, une anomalie du cycle ; ou pour préparer la femme à une insémination artificielle. » On stimule modérément les ovaires pour éviter le risque de grossesse multiple.
« Deuxième cas : la stimulation dans le cadre d’une FIV. Là, le but est de récupérer le maximum d’ovocytes, 10 à 15, en une seule fois. On fait ce qu’on appelle une hyperstimulation ovarienne contrôlée. On stimule les ovaires à double dose par rapport à une stimulation simple. » Pourquoi ? « Le nombre de FIV remboursées par la Sécurité sociale est de quatre, et on peut congeler les embryons. Donc pour chaque tentative de FIV, on veut beaucoup d’ovocytes. On en aura en moyenne 10 à 12. La moitié donnera des embryons, à peu près 6 donc. On en transfère 1 ou 2, on congèle les autres pour les transferts ultérieurs qui, eux, ne comptent pas comme tentatives de FIV. »
Comprimés ou piqûres ?
Là encore, ça dépend. « Il y a d’abord les comprimés : le citrate de clomifène (Clomid). Cette stimulation a l’inconvénient de ne pas être très précise, un peu comme une 2 CV par rapport à une voiture moderne ; mais les comprimés sont pratiques, c’est ce qu’on donnera en première intention plutôt chez les femmes jeunes, et en cas d’ovaires polykystiques », explique le Dr Bied Damon. Deuxième cas : les piqûres sous-cutanées. « Les femmes s’injectent le produit quotidiennement, plutôt le soir, pendant une période qui s’étend du 3e ou 4e jour du cycle jusqu’au moment où l’on déclenche l’ovulation, c’est-à-dire le 11e ou 12e jour, mais cette durée dépend de la réponse hormonale de chacune. » Donc, une dizaine de jours par mois, pendant environ six mois, la femme s’injecte soit de la FSH recombinante (de synthèse, comme Puregon ou Gonal-F) ; soit de la HMG (Gonadotrophine ménopausique humaine, comme Ménopur). Pour la petite histoire, il s’agit d’urines de femmes ménopausées hautement purifiées, car lorsqu’on est ménopausée, on produit davantage de FSH, substance stimulant les ovaires.
Y a-t-il des effets secondaires ?
Potentiellement oui, comme avec tout médicament. « Le risque est le syndrome d’hyperstimulation ovarienne », heureusement très rare et très surveillé. « Dans 1 % de cas très sévères, cela peut nécessiter une hospitalisation car il peut y avoir un risque de thrombose ou d’embolie pulmonaire.
À quel moment faut-il se lancer ?
Cela dépend de l’âge et du cas précis de chaque patiente. « Une femme de moins de 35 ans qui a des cycles réguliers peut attendre un peu. La définition légale de l’infertilité, c’est deux ans de rapports non protégés pour un couple sans survenue de grossesse ! Mais pour une femme jeune qui n’a ses règles que deux fois par an, ça ne sert à rien d’attendre : il faut consulter. De même, pour une femme de 38 ans, on ne va trop perdre de temps. On lui dira: “Vous avez fait 3 cycles de stimulation, ça ne marche pas : autant passer à la FIV”. C’est du cas par cas. »
Parmi tous les traitements de l’infertilité, la stimulation ovarienne représente un acte courant en gynécologie.