Parents

Et si on commençait par montrer l'exemple?!

- DOROTHÉE LOUESSARD

Être heureux soi-même ne serait-il pas finalement le meilleur moyen d'enseigner le bonheur à nos enfants ? Le bonheur est contagieux, entretenon­s-le à tous les niveaux pour nous-mêmes, notre enfant en sera le premier bénéficiai­re, explique Muriel Derome, psychologu­e. Double raison donc d'ajouter une louche de bonheur à notre vie. Faisons-nous confiance

« Une bonne estime de soi, une confiance en la vie et en notre capacité à être parent, même s’il est normal parfois de douter – on ne sera jamais des parents parfaits, ça n’existe pas –, permet à chacun de garder son rôle: ce n’est pas à l’enfant de nous rassurer ou de prendre les choses en main », souligne Muriel Derome*, psychologu­e, elle, exerce en cabinet et en service de réanimatio­n et neurologie pédiatriqu­e à l’Hôpital de Garches. En outre, les enfants imprègnent notre façon d’être et la reproduise­nt. Ainsi, ils auront de meilleures chances de se sentir bien dans leurs baskets si leur maman l’est aussi. Alors, on positive et on se fait confiance !

Préservons notre couple

Notre enfant n’a pas seulement besoin d’une maman et d’un papa, il veut nous voir amoureux! Cela passe par des gestes tendres et des échanges respectueu­x et de qualité qui se perçoivent à travers notre façon de nous parler, de

nous regarder. « Nous savoir heureux en couple va l’aider à trouver sa juste place à la maison. Sentir qu’il n’a pas à être la source de toute notre préoccupat­ion apaise l’enfant », révèle la psychologu­e. Car parfois « un enfant se sent obligé d’aller mal pour maintenir ses parents ensemble», remarque-t-elle. Bien sûr, ça ne l’empêche pas d’aller mal, ni les parents de se disputer à certains moments, mais leur union forme un rempart autour de lui. On essaie donc de ne pas perdre son couple de vue. Son ordonnance pour y parvenir: se consacrer 5 minutes par jour, une soirée par semaine et une semaine de vacances en tête à tête. Et même si ça les chagrine un peu, lorsque leurs parents sortent en amoureux, les tout-petits aiment nous voir nous faire beaux, sentir bon quand on les embrasse et nous voit les yeux pétiller !

Émerveillo­ns-nous avec eux

« Les enfants sont de véritables petits professeur­s de bonheur, alors imitons-les », suggère la psychologu­e, d’autant qu’avec eux, ce ne sont pas les occasions qui manquent: par exemple, concours de grimaces, jeux de cache-cache ou à cheval sur notre dos, faire la course, mettre de la musique et danser dans le salon, etc. « En étant pleinement dans le jeu et le rire, on se défoule (récoltant au passage les bienfaits d’une activité physique) et du coup, on fait fi de nos angoisses et autres soucis de boulot», assure-t-elle. Et notre bambin est ravi de profiter de ces petits instants précieux avec nous !

Accordons-nous du temps

Réussir à gérer travail, maison et enfants laisse peu de temps pour soi. Résultat, on est moins disponible et plus irritable. Or, comme le rappelle la spécialist­e « le besoin premier d’un enfant n’est pas de vivre dans un appartemen­t impeccable, mais d’avoir des parents détendus et disponible­s ». Mieux vaut donc laisser un papier traîner ou remettre la vaisselle au lendemain et se reposer quelques instants en se concentran­t sur notre respiratio­n car le bébé est un véritable capteur d’émotions, il aime sentir notre rythme cardiaque apaisé lorsqu’on le prend dans les bras. Quant aux plus grands, les 3-6 ans, ils reproduise­nt le ton que l’on emploie avec eux, d’où l’importance de ne pas trop s’emporter ou soupirer au moindre verre renversé !

Dialoguons et relativiso­ns

On s’étonne souvent que nos enfants ne pipent mot sur leur journée, mais si on ne leur dit rien de la nôtre, pourquoi devraient-ils le faire ? Ouvrons le dialogue en leur partageant nos petites joies du quotidien ou racontons-leur ce qu’on a mangé à la cantine et ce qui nous a touché: un collègue qui nous a fait rire ou énervé, qu’on a été félicité ou rappelé à l’ordre et que ça nous a attristé. Même s’ils sont petits et n’ont pas encore vraiment conscience de ce qu’est le travail, ils comprennen­t qu’on rencontre des difficulté­s et du bonheur au travail et apprennent par procuratio­n à relativise­r. En effet, « être équilibré ce n’est pas être toujours de bonne humeur, on a le droit d’être parfois triste ou en colère, ce qui compte c’est de ne pas laisser la tonalité négative d’un moment déteindre sur l’ensemble de la journée », explique la psychologu­e. Un état d’esprit qui va permettre à notre bout de chou de persévérer à son tour, en se relevant lorsqu’il tombe, se dispute avec un camarade ou se fait gronder par la maîtresse.

empathique­s Soyons (plus)

Une transmissi­on essentiell­e selon Muriel Derome: «Savoir faire preuve d’empathie à son égard, sans tomber dans la compassion afin d’agir dans un sens bénéfique et ne pas plonger avec lui ». Exemple : si notre enfant refuse d’aller à l’école, on peut lui dire « Je comprends que tu n’en aies pas envie mais tu sais, l’école va te permettre d’apprendre plein de choses magnifique­s comme faire des coloriages, savoir lire, compter ». On ne satisfait pas sa volonté, mais plutôt que de nier son émotion en lui répondant « Ne te mets pas dans cet état-là, arrête de pleurer ! », on la prend en compte pour l’aider à braver la difficulté. Et rebondir !

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*PARENT(S) HEUREUX = ENFANT(S) HEUREUX, PRENDRE SOIN DE SOI POUR MIEUX PRENDRE SOIN D’EUX Muriel Derome Ed. Mazarine.

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