Parents

“Aujourd’hui, on arrive davantage à communique­r.”

Maman de Luz Carmen, 14 mois.

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“J’avais besoin de m’éloigner de ma mère pour construire ma propre vie.” “Lorsqu’elle nous rend visite, quatre fois par an, je lui cède les rennes pour lui faire plaisir. Je pars du principe que nous voulons toutes les deux ce qui est le mieux pour Luz Carmen.”

« Toute petite, je ne partageais pas grand-chose avec ma mère. Elle travaillai­t beaucoup et n’était pas très disponible pour moi et mes frères et soeurs, même lorsqu’on avait besoin d’elle. Il a fallu qu’elle divorce de mon père, j’avais alors 12 ans, pour qu’elle commence à se montrer plus présente… Avant de devenir carrément étouffante. Non seulement, elle me racontait tous ses états d’âme, mais en plus, elle voulait diligenter ma vie. Cela m’exaspérait tellement, qu’à 17 ans, j’ai décidé de partir en immersion dans une famille aux ÉtatsUnis. A mon retour à Berlin – je suis d’origine allemande –, j’ai pris un appartemen­t seule, mais ma mère avait une clé et passait chaque semaine faire le ménage… Sans me demander mon avis. Elle ne me donnait jamais la possibilit­é d’apprendre et de faire par moi-même.

J’avais besoin de m’éloigner d’elle

Alors, à 24 ans, je suis partie m’installer à Paris. J’avais besoin de m’éloigner d’elle pour pouvoir construire ma propre vie. Afin d’apprendre à mieux me connaître, j’ai entamé une psychanaly­se et fait du développem­ent personnel. À l’époque, je ne désirais pas avoir d’enfant, de peur de reproduire le même schéma. Pourtant, début 2017, à 40 ans, je suis finalement tombée enceinte. Comme ma mère m’avait eue jeune, elle ne voyait pas d’un très bon oeil que je devienne maman sur le tard, mais en même temps, elle était contente que je lui donne un nouveau petit-enfant. Elle s’est peu souciée de moi pendant ma grossesse. Dans la mesure où cela avait toujours été facile pour elle, elle considérai­t qu’il devait forcément en être de même pour moi… Ce qui en fait n’était pas le cas car ma grossesse a été difficile.

Je ne m’énerve plus…

Quand Luz Carmen est née, j’ai insisté pour couper le cordon moi-même. Comme pour m’assurer que ma fille ne resterait pas prisonnièr­e du lien maternel, comme je le suis. En même temps, je refusais que mon bébé grandisse dans un climat de conflits. Alors j’ai décidé d’arrêter de me battre avec ma mère. A ma sortie de la maternité, je lui ai demandé de venir m’épauler, ce qui l’a surprise, et finalement beaucoup touchée. Aujourd’hui, nos rapports restent toujours un peu compliqués, mais on arrive davantage à communique­r et à exprimer nos points de vue. Quand je l’ai au téléphone, tous les quinze jours, elle ne peut pas s’empêcher de me dire ce que je dois faire, ce que je dois donner à manger à ma fille ou comment je dois l’habiller en hiver. Je ne m’énerve plus. Je la laisse dire et j’agis selon mon idée ! En revanche, lorsqu’elle nous rend visite, quatre fois par an, je lui cède les rennes pour lui faire plaisir. Je pars du principe que nous voulons toutes les deux ce qui est le mieux pour Luz Carmen. On a juste une conception différente. »

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