Nouveau-né
Les 1ers soins de bébé à la maternité
A la naissance Le grand saut de la naissance: on s’assure qu’il respire bien et qu’il crie
La naissance est un moment crucial. L’équipe médicale surveille bébé comme le lait sur le feu au moment où il quitte sa vie aquatique, utérine, pour sa vie de petit terrien. « Il va devoir respirer pour la première fois, et cette adaptation doit se faire au mieux », explique le Pr Olivier Baud. « Quand on craint que le bébé soit un peu encombré par du liquide, des sécrétions, ou s’il n’est pas assez vigoureux pour se déga- ger, on peut être amené à aspirer un peu dans la bouche des sécrétions qui pourraient gêner la mise en place de la respiration et de la ventilation. » C’est la fameuse aspiration des sécrétions qu’appréhendent les parents, mais qui est désormais moins fréquente et plus douce. « On aspire de moins en moins pour être moins traumatique. Si besoin, on aspire d’abord gentiment par la bouche. Et si on voit que les narines sont très obstruées par un liquide plus ou moins épais, on aspire par le nez et on stimule l’enfant », explique le Pr Olivier Baud.
Autre événement important: le cri. «Il est la preuve que les poumons du bébé se sont aérés.
Si l’enfant est un peu hyporéactif, ou que la mère a accouché sous anesthésie, on va stimuler un peu l’enfant », explique le Pr Baud.
Dans les premières minutes de vie, certains bébés auront besoin d’être aidés à respirer avec un masque comportant un mélange d’air et d’oxygène. Un nombre important de bébés auront également un petit test cutané “biliflash”, comme un scan de la peau (totalement indolore) s’ils semblent présenter une jaunisse. Ce qui est fréquent et sans gravité. Et ces petits-là devront parfois être alors soumis à des UV. «On peut être amenés aussi à tester le taux de sucre si on trouve que le bébé a un peu de mal à s’alimenter. Rassurez-vous, c’est très peu douloureux: on a juste besoin d’une microgoutte de sang prélevée sur le bord latéral du pied. Si le taux est trop faible, on enrichira l’alimentation en sucres et en lipides », poursuit le Pr Baud. « Dans tous les cas, insiste-t-il, on s’assure que le bébé tète le sein de sa mère le plus rapidement possible si elle allaite, car cette mise au sein précoce stimule l’allaitement. Et c’est là que le nouveau-né reçoit le précieux colostrum, ce “premier lait” plein d’immunoglobulines et de facteurs de croissance. Il ajoute: «On peut très bien imaginer que si le bébé a crié, est bien réactif et n’a pas besoin d’être aspiré, il peut rester un peu avec sa maman juste après la naissance. Toujours sous l’oeil attentif de la sage-femme. » Après la naissance et le premier contact avec sa mère, le bébé est emmené pour être stimulé, réchauffé, pesé et mesuré. A 5 minutes de vie, on calcule son score d’Agpar. Une sorte de note évaluant Apparence (coloration), Grimaces (réactivité), Pouls (fréquence cardiaque), Activité (tonus musculaire) et Respiration. Le maximum est de 10, et en dessous de 7, bébé aura des soins plus poussés.
1er jour Le premier examen du pédiatre ou de la sage-femme
Au bout de quelques heures, bébé a sa toute première consultation. « Le pédiatre ou la sagefemme vérifie que tout fonctionne bien: son coeur, ses poumons, son abdomen, sa tête… Accroche-t-il le regard? Réagit-il aux sons? Ses hanches sont-elles stables ? Sent-on bien ses pouls fémoraux? Gesticule-t-il de façon symétrique ? », détaille le Pr Baud. Les organes sexuels sont également attentivement examinés. Examen assez extraordinaire à observer pour les parents: la vérification des réflexes archaïques
du bébé. Eh oui, vous allez voir, votre enfant est déjà extraordinairement compétent ! Il possède à la naissance des réflexes incroyables, qui disparaîtront au bout d’un à six mois. Il y a le réflexe de Moro où l’enfant jette ses bras en l’air, la marche automatique, les points cardinaux où quand on stimule sa bouche il cherche à téter, le “grasping” où il s’agrippe aux doigts du médecin, l’extension croisée où lorsqu’on stimule un membre inférieur, l’autre va essayer de pousser la main qui stimule, la succion… « Tout un ensemble de réflexes archaïques temporaires, transitoires. Et le fait de vérifier qu’ils sont présents prouve que le cerveau fonctionne bien: c’est l’examen neurologique de l’enfant. Ce sont les capacités primitives du cerveau, et quand on réfléchit, elles sont toutes faites dans un instinct de survie… », s’émerveille le Pr Baud. Comme si votre enfant était déjà armé, à peine né, pour une sorte de Koh-Lanta du bébé !
3e jour Le test de Guthrie, le test d’audition et le 2e examen du pédiatre
A J 3, votre bébé a droit à une deuxième visite complète, obligatoirement effectuée par un pédiatre. On va contrôler en particulier les pouls fémoraux pour vérifier que l’aorte est normale, s’assurer qu’il n’y a pas de souffle cardiaque… Et désormais, on vérifie aussi que l’enfant entend bien avec le test PEA (potentiels évoqués auditifs).
Le 3e jour est aussi celui du fameux test génétique de Guthrie. Il est important car il permet de dépister des maladies certes rares, mais graves si elles ne sont pas diagnostiquées dès le début. Ces maladies aux noms barbares sont l’hyperplasie congénitale des surrénales, la phénylcétonurie, la drépanocytose, l’hypothyroïdie, la galactosémie, la mucoviscidose. Notre conseil: signez le consentement et oubliez. Si vous n’entendez plus jamais parler de Guthrie, c’est que tout va bien. Quant au prélèvement sanguin, « il ne nécessite qu’une goutte de sang par maladie testée », rassure le Pr Baud. Et la douleur sera préventivement soulagée… avec du sucre ! « On fera téter bébé juste avant, ou on lui donnera du sucrose ». De plus en plus souvent, vous sortirez de la maternité à J2. En ce cas, le Guthrie sera fait à domicile par une sage-femme à J3. L’examen du pédiatre, lui, aura toujours été fait avant qu’on vous laisse rentrer chez vous : preuve que le contrôle technique de bébé est OK !