Parents

Le billet de Julien Blanc-Gras

Comment le papa gère l’enfant qui ne veut pas dormir

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J’adorerais pouvoir t’aider, ma chérie, je sais que c’est dur de se réveiller trois fois dans la nuit, mais que veux-tu, j’ai beau presser sur mes seins, je n’arrive pas à tirer la moindre goutte de lait.

La nature nous offre une excuse idéale pour ronfler peinard. Seulement voilà, l’allaitemen­t ça ne dure pas si longtemps que ça. Rapidement, la mère reprend le travail et on passe aux biberons. Plus d’excuse.

C’est ainsi que l’Enfer a commencé…

L’Enfant refusait d’aller se coucher le soir. Il s’endormait tard, très tard. Il se réveillait dans la nuit. Il sautait sur le lit parental dès les premières lueurs de l’aube en claironnan­t « debout papa et maman ». Bébé, il manifestai­t son point de vue en hurlant. Plus tard, en répétant « Je veux pas faire dodo ». Nous avons tout essayé : les quatre tétines, les huit doudous, Tchoupi ne veut pas dormir, les veilleuses musicales, le réveil-lapin lumineux, la porte fermée, la porte ouverte.

« Je veux pas faire dodo.»

Nous avons tenté la menace, la raison, les pots-de-vin, butant toujours sur un mur d’entêtement­s et de psychodram­es nocturnes.

« Je veux pas faire dodo.»

Nous nous sommes humiliés en suppliant un enfant. « S’il te plaît, papa et maman sont très très très fatigués, il faut te coucher maintenant mon petit amour. »

«Je veux pas faire dodo.»

J’ai eu envie de m’inscrire

au Krav-maga, simplement pour assommer les gens qui déclarent « Oh, le nôtre il faisait ses nuits en trois semaines ». Et je n’ai pas encore parlé des terreurs nocturnes. On se tromperait lourdement en imaginant qu’il s’agit de simples cauchemars. Imaginez plutôt un enfant assis sur son lit, yeux révulsés et bave aux lèvres, qui éructe « NOOOON » avec une voix de chanteur de deathmetal tout en vous pointant du doigt quand vous vous approchez pour tenter de le calmer.

Que faire ? Appeler un exorciste ? Le gaver de Lexomil ? Le sangler sur le matelas ?

(Ce sont des exemples rhétorique­s, ne faites pas ça.) Nous avons consulté des spécialist­es du sommeil. Diagnostic : « Vous avez un petit dormeur ». Merci pour le scoop. Efficacité : zéro.

«Je veux pas faire dodo.»

Le chemin de croix a duré

trois ans. Ça s’est calmé petit à petit, avec le temps. L’Enfant a fini par accepter l’idée que la nuit n’était pas seulement synonyme de séparation, qu’elle était aussi le temps du repos et de l’apaisement. Aujourd’hui, il s’endort à des heures raisonnabl­es et ne se relève (presque) plus. Certes, il aime toujours débarquer dans notre lit à 6 heures le dimanche matin. Mais il nous réveille avec des bisous.

Cette chronique est dédiée à tous les parents qui ont des cernes sous les yeux. Ne perdez jamais espoir. Le bout du tunnel n’est peut-être pas si loin.

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