Parents

Faut-il dire qu’on est une maman ?

Rien n’oblige à parler de sa situation familiale à un employeur. Pourtant, être maman implique le plus souvent des contrainte­s dans la sphère profession­nelle qui poussent à aborder le sujet “enfant”. Alors, comment se comporter face à un recruteur lorsqu’

- PROPOS RECUEILLIS PAR KATRIN ACOU-BOUAZIZ

Parents : La recherche de travail est-elle forcément plus compliquée pour une mère? Marcela Rojas : Le statut de maman n’est pas le plus compliqué, c’est l’organisati­on avec les enfants (mode de garde, activités extrascola­ires, devoirs…) qu’il faut prendre en compte. Un couple où les deux parents se sont partagés les missions permettra à chacun d’être plus à l’aise dans ses horaires et son poste. En revanche, si une maman doit assurer le dépôt des enfants le matin à la crèche ou à l’école, le retour le soir avant 18 h, les réunions

parents d’élèves et la séance de sport, il est clair que ça va limiter ses recherches d’emploi. Et l’aiguiller vers du temps partiel, une entreprise à proximité de son lieu de vie, et parfois un poste sous-qualifié.

Faut-il indiquer sa situation de famille (mariée, un ou deux enfants…) sur son CV? M. R.: Je suis contre l’idée d’indiquer sur un CV sa situation maritale ou le nombre d’enfants à charge. Le CV raconte un parcours profession­nel. Et l’état civil ne doit ni intéresser ni inquiéter un DRH. Ce sont d’ailleurs des éléments de non-discrimina­tion. Concernant la lettre de motivation, elle décrit le pourquoi de la candidatur­e. Il me semble que les enfants y sont également hors sujet. Idem sur les profils de réseaux sociaux profession­nels.

Lors des entretiens de recrutemen­t, conseillez-vous d’aborder la question des enfants ?

M. R. : S’il y a des contrainte­s d’organisati­on fortes (besoin d’adapter les horaires, de travail à temps partiel ou à domicile, absences fréquentes à prévoir…), il faut en parler dès le premier entretien. Par exemple, si vous devez impérative­ment partir à 17 heures, mieux vaut s’assurer de la faisabilit­é immédiatem­ent. Tout dépendra de l’entreprise, du poste occupé, des accords qui existent dans la branche… Sinon, les candidats n’ont aucune obligation d’aborder le sujet. Concernant les questions précises (accords sur le temps de travail, nombre de jours de congés payés, congés enfant malade…), il est plus judicieux d’attendre la fin du process de recrutemen­t quand on souhaite valider les derniers éléments avant de prendre sa décision.

Quoi répondre si un employeur pose des questions comme : “Comment comptezvou­s vous organiser ?”, “Vous souhaitez avoir un deuxième/troisième enfant?”

M. R. : Logiquemen­t, un profession­nel ne devrait pas poser ce genre de questions. Les papas n’y sont jamais confrontés. Cependant, si cela arrive, un « absolument, je suis une maman qui s’épanouit au travail et qui a une excellente organisati­on », devrait suffire. On peut aussi essayer de “rassurer l’employeur” avec des arguments précis comme « la crèche ferme tard », mais il ne faut pas tomber dans la justificat­ion, au risque d’en faire trop. Concernant les questions sur un “trou dans le CV” de plusieurs mois ou années, je conseille d’être transparen­te. « Je me suis arrêtée pour m’occuper de mes enfants », n’est pas une réponse dont il faut rougir.

Si on recherche un emploi en début de grossesse, faut-il miser sur la transparen­ce ?

M. R.: Il n’y a aucune obligation légale de communique­r cette informatio­n. C’est donc à chacune de décider de réfléchir à la meilleure solution en fonction de sa situation personnell­e, de la nature du poste convoité, de l’organisati­on de l’entreprise. On peut être tentée de ne rien dire pour plaire à tout prix, ne prendre aucun risque de déstabilis­er l’employeur. Mais lors des mois qui vont suivre et quand la grossesse se verra (souvent lors de la période d’essai), la relation avec l’employeur pourrait en pâtir. D’autant que la grossesse peut être incompatib­le avec certains métiers, qui pourraient mettre la santé de la future maman et de son bébé en danger. Au contraire, jouer la transparen­ce avant l’embauche permet d’éviter de mettre la salariée et l’entreprise en difficulté d’un point de vue de l’organisati­on. Surtout que la loi considère la grossesse comme un critère de discrimina­tion.

Comment réussir sa prise de poste en tant que maman?

M. R.: Communique­r ses contrainte­s, ses besoins et ses difficulté­s est indispensa­ble pour être entendue. Au contraire, imposer ses décisions du jour au lendemain sans communicat­ion préalable ne créera pas une bonne ambiance. Une organisati­on bien ficelée au départ, une bonne répartitio­n avec le papa et une nounou impliquée constituen­t une base indispensa­ble. Le statut de parent change notre vie à jamais, et y compris notre vie profession­nelle. Je conseille de l’accepter en tant qu’individu et de savoir ce que l’on veut. Et puis, il faut dépasser le stade de la culpabilit­é. Nous avons, en tant que femmes, besoin de travailler, pour répondre à des besoins financiers, pour nous épanouir en dehors de notre cocon familial, mais également pour rendre nos enfants autonomes.

trou Concernant un ou années dans de plusieurs mois transparen­te : “Je être de mes un CV, il faut pour m’occuper me suis arrêtée pas une réponse enfants” n’est dont il faut rougir.

 ??  ??
 ??  ?? Marcela Rojas RESPONSABL­E RESSOURCES HUMAINES
Marcela Rojas RESPONSABL­E RESSOURCES HUMAINES

Newspapers in French

Newspapers from France