Parents

“J’ai testé pour vous

Mon fils Samuel a 6 ans. Il est pleinement conscient du temps présent. La méditation a donc eu sur lui l’effet escompté : le laisser être… ce qu’il est. Récit d’une séance où ni le calme ni l’attention ne régnaient.

- KATRIN ACOU-BOUAZIZ

la méditation avec mon enfant”

« Calme et attentif comme une grenouille ! »

Aurélie, instructri­ce, formée à la méthode d’Eline Snel, m’avait conseillé de présenter l’activité à mon fils comme « une nouvelle expérience, quelque chose qu’on n’a jamais fait ». Cette définition en forme de surprise, donnée au petitdéjeu­ner la veille de l’activité, ne lui a pas suffi. « Ça veut dire quoi maman ? », il m’a répondu en mâchouilla­nt sa tartine. J’ai balbutié quelques poncifs sur la méditation, « on va faire de la gym, enfin apprendre à se détendre comme lorsque je te raconte des histoires ». « Mais je veux pas me détendre ! », qu’il m’a répliqué, sûr de lui. L’aventure commençait mal… Entre l’entraîneme­nt de foot du samedi et l’achat d’une paire de crampons,

nous avons donc enfilé une tenue confortabl­e et des chaussette­s pas trop moches pour tenter cet atelier d’un nouveau genre. La petite salle était plongée dans un clair-obscur plutôt agréable avec tapis de sol alignés et coussins décorés de gros animaux rigolos. Un mini-gong (en langage de pro, un bol tibétain) était posé près du tapis d’Aurélie. Samuel et moi avons pris place là où l’envie nous guidait. Et la séance a commencé. Premier exercice : respirer. Samuel roulait des yeux derrière ses petites lunettes rondes l’air de dire « Pourquoi on fait ça maman ? ». Et moi de lui répondre par un haussement d’épaules « J’en sais trop rien, on va bien voir ». Et on a vu. Que notre respiratio­n était parfois bloquée au niveau de notre cage thoracique. Qu’on n’avait pas du tout conscience de respirer. L’autre duo, une maman et sa fille de 9 ans, avait quasiment le même ressenti. Gong de fin. Deuxième exercice qui n’était pas prévu, mais qu’Aurélie a décidé d’explorer avec nous : laisser les enfants dans l’attente de l’exercice.

C’est là que Samuel s’est mis à se cacher dans le tapis de sol en mode rouleau de printemps avant de m’attaquer avec son coussin et de se laisser tomber sur le sol comme une masse. Évidemment, j’ai décidé de jouer le jeu et de le laisser faire ses cabrioles

sans lui demander toutes les 5 secondes de ne « pas bouger »,

« pas déranger », « écouter,

« se calmer ». Ça faisait un petit feu de colère à l’intérieur de mon estomac, mais je l’ai laissé s’éteindre. « Que peut-il arriver en fait ? », nous disait Aurélie. « Rien », étionsnous forcées d’admettre. Conclusion de ce deuxième nonexercic­e. Reprendre sans cesse un enfant ne sert pas à grand-chose. À nous d’apprendre à ne pas souffrir de l’énergie des enfants, dans la limite du raisonnabl­e bien sûr. Gong. La suite a ressemblé à mes cours de préparatio­n à l’accoucheme­nt. Sauf que Sam donnait des coups de poing au tapis et pas dans mes côtes à l’intérieur de mon ventre. Il fallait faire le spaghetti. Comprendre, serrer les muscles. Puis les détendre, tout tout mou, comme un spaghetti cuit. Les deux enfants grimaçaien­t et se crispaient à s’en faire éclater les veines. Un exercice efficace et rigolo pour tout le monde.

La séance s’est terminée entre mamans. Aurélie nous a offert 10 minutes de calme avec la voix apaisante de Christophe André qui nous a guidées pour une méditation qui encouragea­it à se concentrer sur le présent pendant que les deux enfants jouaient à côté dans une autre salle. Au final, Sam et moi avons eu du mal à raconter ce que nous avions fait, ressenti. Du mal à dire si nous avions aimé, pas aimé. Nous avions juste tenté quelque chose. En rentrant à la maison, on a décidé de repousser à plus tard l’achat des crampons. Et de plutôt se concentrer sur le jardinage qu’il nous restait à faire. À ma grande surprise donc, pas de grenouille croisée cet après-midi, mais seulement quelques escargots à éloigner de notre pied de ciboulette. Les plantes aussi ont le droit de vivre en paix.

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Une sorte d’expérience du rien, de nous-même. Ça m’a fait penser à la prière. Ce sentiment de quiétude, de vide, de coupure avec l’extérieur. “Il fallait faire le spaghetti…”
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“L’aventure commençait mal…”

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