Il s’ennuie
Il a plein de copains et une chambre digne d’un musée du jouet, et il se traîne pour aller à l’école ou au sport. Faut-il s’en inquiéter et que faire ?
Tous les soirs, quand elle rentre du travail, Émilie retrouve Théo, 9 ans, en pleine complainte : « Je ne sais pas quoi faire ! ». Après être passée par des phases de culpabilité et d’agacement, elle veut comprendre les raisons de ce comportement. « Si c’est très fréquent qu’un enfant exprime de l’ennui à cet âge – plus souvent chez les garçons que chez les filles –, c’est rarement le signe d’un profond malaise », explique Sabine Duflo, psychologue clinicienne*. Reste à creuser un peu pour comprendre ses raisons et agir en conséquence.
Des causes multiples
Un enfant qui exprime clairement son ennui à ses parents, c’est souvent un appel du pied pour leur dire qu’il aimerait passer plus de temps avec eux… C’est une façon pour lui de se rassurer sur l’amour qu’ils lui portent. Chez un enfant d’ordinaire très actif, qui enchaîne école, sport et activités extrascolaires, ça témoigne aussi le plus souvent d’un petit passage à vide. Rien de bien grave dans l’absolu. « Mais d’un coup, s’il se retrouve seul sans ses copains ou la fratrie autour de lui, il se sent démuni face à lui-même. Et comme il n’a pas l’habitude de se poser et de prendre seul des initiatives, il panique face au vide », confie la professionnelle. Généralement, cet enfant retrouve vite la forme dès que son attention est à nouveau accaparée par autre chose. Enfin, dans certains cas, l’enfant peut réellement s’ennuyer parce qu’il est précoce, qu’il passe trop d’heures seul à la maison ou qu’il n’est pas heureux en pratiquant le solfège alors qu’il rêvait de prendre des cours de dessin…
S’ennuyer… pour mieux se retrouver !
Le plus souvent, il nous suffit de parler avec lui, de prendre un peu de temps pour l’aider à devenir plus autonome et le réconforter. Ainsi, parfois, un simple échange ou un câlin rassure l’enfant et lui redonne de l’entrain. Dans le cas d’un enfant super actif qui se retrouve soudain sans rien avoir à faire, il est bon de lui expliquer tout simplement qu’en baissant un peu en intensité, il peut enfin souffler et laisser aller son imagination.
C’est dans ce cas précis qu’il retrouvera l’envie de faire des choses pour lui, de découvrir la musique, un nouveau sport ou de profiter de moments tranquilles à la maison, à lire les BD de son père qu’il vient juste de ressortir du grenier… (*) Auteure de “Quand les écrans deviennent neurotoxiques : protégeons le cerveau de nos enfants”Marabout.