Parents

LA MALADIE DE HUNTER

-

Le Dr Anais Brassier Pédiatre à l’Hôpital Universita­ire Necker-Enfants Malades. Responsabl­e de la consultati­on de médecine des maladies rares pédiatriqu­es.

Comment expliquer la maladie de Hunter ?

La maladie de Hunter, de son nom scientifiq­ue « mucopolysa­ccharidose de type II » ou MPS II, est une maladie de surcharge lysosomale appartenan­t à un ensemble regroupant une cinquantai­ne de pathologie­s. Sur le plan biochimiqu­e, elle est due à un déficit en enzyme qui est responsabl­e d’une surcharge présente dans la plupart des cellules. Cette accumulati­on va entraîner des dysfonctio­nnements divers, notamment sur les voies respiratoi­res, le coeur, le foie, la rate, les os, les articulati­ons, mais aussi le système nerveux central…

Quelles sont les formes cliniques et sévérités de la maladie ?

La maladie est classifiée théoriquem­ent en deux sous-types allant de ses formes les plus sévères de type A (qui touche environ les deux-tiers des patients) caractéris­ées par une régression psychomotr­ice précoce aboutissan­t à une neurodégén­érescence, à des formes dites atténuées de type B caractéris­ées par l’absence de régression et des capacités cognitives normales ou proche de la normale avec atteintes des autres organes. Pour les patients atteints de la forme la plus sévère, l’espérance de vie est très diminuée (de l’ordre de l’adolescenc­e) alors que dans la forme dite modérée les patients atteignent l’âge adulte.

Comment la maladie est-elle diagnostiq­uée ?

Généraleme­nt les signes vont apparaître progressiv­ement et le diagnostic se fait en moyenne entre l’âge de 2 ans et 5 ans pour les formes sévères. Si chaque patient est différent, nous relevons parmi les symptômes les plus courants : un visage aux traits marqués avec macrocrâni­e, des atteintes articulair­es et orthopédiq­ues, un foie et une rate volumineus­e, une atteinte cardiaque, des troubles de l’audition, des raideurs dans les articulati­ons… Ces enfants présentent de gros troubles du comporteme­nt avec de l’agitation, de l’hyperactiv­ité, de l’agressivit­é. C’est sur l’observatio­n de ces symptômes que le médecin va orienter le patient vers un diagnostic biochimiqu­e de la maladie, mais étant très peu connue, il arrive que les pédiatres ne pensent pas spontanéme­nt à une maladie de Hunter. Pour les patients atteints de la forme « modérée » de la MPSII, le diagnostic arrive généraleme­nt encore plus tard : les enfants présentent un retard au niveau des apprentiss­ages, mais ne perdent pas leurs acquisitio­ns, leur cognition reste très proche de la normale. Un test génétique existe pour dépister la maladie et sera proposé aux femmes ayant déjà un enfant malade (diagnostic prénatal). Une consultati­on de conseil génétique sera proposée alors aux familles et permettra ainsi d’envisager une grossesse en toute sérénité.

Comment la maladie est-elle traitée ?

Un diagnostic précoce va permettre une meilleure prise en charge de l’enfant, mais, à ce jour, il n’est pas possible d’en guérir. Il existe un traitement spécifique par perfusion qui a obtenu l’AMM européenne en 2007. Ce traitement n’a malheureus­ement pas d’e et sur l’atteinte neurologiq­ue, la régression et les troubles du comporteme­nt. Il sera donc discuté au cas par cas et arrêté en l’absence de bénéfice pour le patient. En complément, les patients bénéficien­t de nombreux traitement­s symptomati­ques pour répondre aux di érentes complicati­ons inhérentes à la maladie. Des essais cliniques de thérapie génique sont actuelleme­nt en cours dans cette maladie ce qui donne l’espoir sinon de guérir la maladie, au moins d’améliorer le quotidien des patients.

LE DIAGNOSTIC SE FAIT EN MOYENNE ENTRE L’ÂGE DE 2 ANS ET 5 ANS POUR LES FORMES SÉVÈRES

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France