Parents

J’en voulais à mon bébé pour la douleur de la césarienne.

Johanna, 26 ans, deux enfants de 2 ans et demi et 15 mois.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ESTELLE CINTAS

vec mon mari, on a décidé de faire des enfants très vite. On s’est fiancés et mariés quelques mois après notre rencontre et on a décidé de faire un bébé quand j’avais 22 ans. Ma grossesse s’est super bien passée. J’ai même dépassé le terme. Dans la clinique privée où j’étais, j’ai demandé à être déclenchée. Je ne savais pas qu’un déclenchem­ent entraînait souvent une césarienne. J’avais confiance dans le gynécologu­e, car il avait accouché ma mère dix ans plus tôt. Quand il nous a dit qu’il y avait un problème, que le bébé était en souffrance, j’ai vu mon mari devenir blanc. Je me suis dit qu’il fallait que je garde mon calme, pour le rassurer. Dans la salle, on ne m’a pas fait de rachianest­hésie. Ou alors, elle n’a pas fonctionné. Je n’ai pas senti la coupure du scalpel, en revanche j’ai senti qu’on me trifouilla­it les entrailles. La douleur était telle que je pleurais. Je suppliais qu’on me rendorme, qu’on me remette de l’anesthésia­nt. A la fin de la césarienne, j’ai fait un petit bisou au bébé, pas parce que j’en avais envie, mais simplement parce qu’on m’a dit de lui faire un bisou. Puis je suis “partie”. On m’a endormie complèteme­nt car je me suis réveillée longtemps après en salle de réveil. J’ai pu voir mon mari qui était avec le bébé, mais je n’ai pas eu ce flot d’amour. J’étais juste fatiguée, je voulais dormir. Je voyais mon mari attendri, mais moi j’étais encore trop dans ce que je venais de vivre. Le lendemain, j’ai voulu faire les premiers soins, le bain, malgré la douleur de la césarienne. Je me disais : « C’est toi la maman, tu dois t’en occuper ». Je ne voulais pas faire ma chochotte. Dès la première nuit, le bébé a eu des coliques terribles. Personne n’a voulu le prendre en nurserie les trois premières nuits et je n’ai pas dormi. De retour à la maison, je pleurais tous les soirs. Mon mari en avait marre.

À chaque fois que mon bébé pleurait, je pleurais avec lui. Je m’en occupais bien, mais je ne ressentais pas d’amour du tout.

Les images de la césarienne me revenaient à chaque fois qu’il pleurait. Au bout d’un mois et demi, j’en ai discuté avec mon mari. On allait s’endormir et je lui ai expliqué que j’en voulais à notre fils de cette césarienne, que je souffrais à chaque fois qu’il pleurait. Et juste après cette discussion, dès ce soir-là, ça a été magique, un peu comme si on ouvrait un livre de contes et qu’un arc-en-ciel s’en échappait. Parler m’a libérée d’un poids. Cette nuit-là, j’ai dormi profondéme­nt. Et le matin, j’ai enfin senti cette immense bouffée d’amour pour mon enfant. Le lien s’est fait d’un coup. Pour le deuxième, quand j’ai accouché par voie basse, la délivrance était telle que l’amour est venu immédiatem­ent. Même si le deuxième accoucheme­nt s’est mieux passé que le premier, je pense qu’il ne faut surtout pas faire de comparaiso­n. Surtout, ne pas regretter. Il faut se dire que chaque accoucheme­nt est différent et chaque bébé est différent.

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