Parents

Il ne supporte pas son petit frère

Les coups bas se multiplien­t et il faut souvent intervenir pour régler les bagarres. Son frère, il le supporte de moins en moins. Mais d’où vient le problème et comment le régler ?

- DOROTHÉE BLANCHETON

Depuis quelque temps, Arsène, 7 ans, crie sur son frère Lucas, de 4 ans, lui arrache régulièrem­ent les jouets des mains, lui interdit d’entrer dans sa chambre… Pourtant jusque-là, l’entente était assez bonne entre les deux garçons. Et lorsque ses parents en parlent avec Arsène, il leur dit, droit dans les yeux, qu’il n’aime pas son frère. Pour Harry Ifergan(*), psychologu­e et psychanaly­ste à Paris, c’est un cas assez classique, surtout s’il y a un écart d’âge de 2 à 4 ans entre eux. « Entre 2 et 4 ans, l’enfant organise sa perception du monde avec ses repères : papa, maman, doudou, ma chambre, mon école, papi est le papa de maman… Il fait des liens structurés entre les éléments qui forment une boucle, bien fermée. Or, quand le bébé naît, il est perçu comme un élément extérieur qui vient “dé-ranger” son cercle, sa bulle. Comment ajouter une pièce supplément­aire au puzzle qui semblait déjà complet ? », analyse le psychologu­e. Cette jalousie peut s’exprimer dès la naissance du bébé ou bien, comme pour Arsène, se révéler plus tard.

Des causes aux éléments déclencheu­rs divers

La famille peut avoir connu quelques difficulté­s : un déménageme­nt, le chômage, un divorce… Et une fois ces soucis passés, l’aîné peut cesser de refouler ses sentiments et exprimer librement sa jalousie. Il se peut aussi que le cadet, en quittant son statut de bébé, se mette davantage à l’imiter ou le supplanter. Enfin, on peut, sans en avoir conscience, avoir tendance à défendre davantage le plus petit car plus faible, jeune, fragile, ou qu’on s’identifie davantage à lui. L’aîné a alors l’impression qu’on empiète sur son terrain et peut se sentir délaissé. Pas de panique pour autant. Cette jalousie fraternell­e est même saine selon l’expert. « L’enfant en étant jaloux parle. Il montre et exprime qu’il ressent une différence de traitement entre son frère et lui. Il vaut mieux expériment­er la jalousie avec des parents aimants maintenant que plus tard, car c’est un sentiment lourd à porter », déclare Harry Ifergan.

On répond à son besoin

Pour l’aider à aller mieux, on accorde du temps à l’enfant jaloux. On peut passer régulièrem­ent une heure avec lui, en tête-à-tête, pour aller à la piscine, bricoler, faire de la pâtisserie, du jardinage… Quoi qu’il arrive, il sait qu’il a ce moment à lui seul chaque semaine. « L’équité n’est pas l’égalité. Quand il y a une dissymétri­e, qu’un enfant souffre, on répond à ses besoins », ajoute le psychologu­e. Et avec davantage d’attention sur cette période, les conflits devraient s’estomper.

(*) Auteur de “Mieux comprendre votre enfant” (éd. Marabout)

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LE LIEN FRATERNEL ÉVOLUE… “Frères et soeurs Les aider à s’épanouir” éd. Albin Michel, 15 €).

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