Parents

faire l’amour !!!

La vie de parents fait que, souvent, la sexualité passe au deuxième plan. Plus le temps pour y penser, plus d’espace pour faire l’amour. Que faire pour se retrouver et avoir de nouveau une sexualité épanouie ?

- PROPOS RECUEILLIS PAR DOROTHÉE SAADA

Est-ce fréquent qu’un couple délaisse sa sexualité quand il est dépassé par le rythme de sa vie ?

Laura Beltran: Bien sûr ! Un des premiers ingrédient­s nécessaire­s pour avoir une sexualité, c’est d’être disponible – psychologi­quement et dans le temps. L’argument le plus fréquent mis en avant par les couples pour expliquer l’absence de rapports sexuels demeure la fatigue. Il faut avoir de l’énergie pour avoir une sexualité. Travailler sur la sexualité revient à travailler sur la qualité de vie. On parle d’ailleurs de santé sexuelle qui est une composante de notre santé.

Faut-il obligatoir­ement de l’espace et du temps pour avoir du désir?

L.B. : Oui. Mais nous devons dissocier deux types de désir : le désir spontané et le désir réactif. Le “spontané” est celui qui arrive au début d’une relation. On vit une période de découverte où tout se fait rapidement sans avoir besoin de grand-chose. Au fur et à mesure que la relation s‘installe, ce désir spontané se transforme en désir réactif, c’est-à-dire qu’il vient en réponse à un certain nombre de stimulatio­ns. Je rentre du boulot, je suis fatiguée, j’ai envie de me vautrer dans le canapé, mais pas forcément d’avoir un rapport sexuel. Par contre, si j’ai une soirée qui change un peu de la routine, j’ai un compliment de la part de mon compagnon, on ne se couche pas trop tard, on a ri ensemble et une main a glissé dans le bas des reins… là, je suis venue stimuler le désir. Mais pour ce type de désir, il faut du temps et de la disponibil­ité.

Quand on rentre du boulot, qu’on attaque la deuxième journée avec les enfants, on va au lit épuisés ! Alors, on fait comment ?

L.B. : On fait comme on peut ! Il y a des périodes où on est moins disponible­s pour la sexualité et il faut aussi l’accepter. On subit un discours social où il faut être disponible tout le temps, en forme, jolie, prête à faire l’amour à tous moments. C’est faux! Dans l’histoire de vie d’une personne et d’un couple, il y a des périodes où la sexualité prend une place importante et d’autres pas du tout, parce qu’on vient par exemple d’avoir un enfant. Il est important d’accepter cet aspect cyclique de la sexualité. Maintenant, on peut aussi faire attention à partager des petits moments sympas à deux parce que, parfois, pris dans le quotidien, on ne se parle plus que de choses très concrètes liées la logistique du foyer.

Programmer ses relations sexuelles en le mettant dans le calendrier serait une solution?

L.B. : On peut imaginer organiser des moments agréables à deux qui n’aboutissen­t pas obligatoir­ement à un rapport sexuel. On se dégage des moments de disponibil­ité. On organise tous notre quotidien et même quand on a la flemme d’aller le jeudi soir à son cours de sport, on y va et c’est ce qui nous permet de mettre les choses en place et de les faire. Le but n’est donc pas d’organiser des moments pour avoir des rapports sexuels, mais des moments pour être avec l’autre. Plus on est bien ensemble, plus on laisse de la place à la sexualité. On prévoit donc des moments dans son agenda pour recréer du lien à l’autre.

Parfois le désir et le plaisir sont coupés par la peur de faire du bruit vis-à-vis des enfants ou alors qu’il y en ait un qui débarque dans le lit. Comment gérer ces barrières au quotidien?

L.B. : Il faut instaurer certaines règles… La chambre des parents doit avoir des règles. Les enfants doivent comprendre qu’on ne rentre pas comme ça dans l’espace intime des parents. On peut installer un verrou ou dire, quand les enfants sont en âge de comprendre, qu’on ne rentre qu’après avoir frappé et que les parents aient répondu. C’est essentiel de créer des limites et des barrières pour que la sexualité puisse exister. On peut aussi expliquer que le jeudi soir, c’est “soirée parents”, qu’on ne les dérange pas et qu’on se couche plus tôt, ou que le dimanche matin, on les laisse un peu plus dormir… On crée des espaces et des lieux privés pour le couple.

Comment retrouver un désir spontané ?

L.B. : Il ne sera pas spontané, mais réactif, alors on va le créer, le susciter, le stimuler. Ça nécessite 10 ingrédient­s :

1. De l’énergie pour avoir envie d’aller explorer sa sexualité. 2. Une bonne ambiance pour désirer se retrouver sous les draps: un bon dîner, une soirée complice… 3. Un bon imaginaire car le fantasme est le meilleur aphrodisia­que. 4. De la séduction, se sentir sexy et virer le pyjama en polaire pour être dans un jeu d’échange avec l’autre. 5. De la sensualité car les zones érogènes ne sont pas focalisées sur les organes génitaux, mais disséminée­s sur l’ensemble du corps. On réveille le corps ! 6. Se mettre en accord sur le bon moment. Certains sont du matin, d’autres du soir, on peut couper la poire en deux et s’octroyer une sieste. 7. Une ambiance rassurante : on ferme la porte de la chambre pour créer une ambiance où on est à l’aise. 8. Créer un contexte intime : une lumière tamisée, une bougie… 9. Et parfois laisser l’imprévu nous surprendre: l’autre s’approche, on n’a rien prévu et on se laisse embarquer. 10. La tendresse, la sensualité et l’érotisme passent avant la sexualité. Ce sont sur les premières étapes qu’on peut mettre en place des choses. On doit avoir une vision large de la sexualité et se dire que la pénétratio­n n’est pas une finalité. On peut avoir des moments dans la vie où on est tendres, sensuels, érotiques et on s’arrête là.

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 ??  ?? LES FEMMES ET LEUR SEXE
Ne plus avoir mal, renouer avec son désir, se sentir libre. Heidi Beroud-Poyet et Laura Beltran, éd. Payot santé
LES FEMMES ET LEUR SEXE Ne plus avoir mal, renouer avec son désir, se sentir libre. Heidi Beroud-Poyet et Laura Beltran, éd. Payot santé
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