Il parle de lui à la 3e personne
Ça nous fait rire et parfois ça nous inquiète aussi… Voici pourquoi c’est une phase incontournable de son développement. Qui annonce le début de son émancipation !
Depuis des semaines, le petit bonhomme de 2 ans et demi utilise son nom pour parler de lui : « Nils est tombé, Nils veut du gâteau… » Serait-il, si jeune, touché par le syndrome “Alain Delon” ? Ce sont plutôt des tics de langage qui ne tarderont pas à disparaître naturellement ou avec un peu d’aide.
Bébé deviendra “je”
Florence Millot, psychologue pour enfants*, nous rassure : « Ce comportement est normal. Du bébé qui pense ne faire qu’un avec sa maman, on passe au stade du miroir, vers 18-24 mois, où il sait se différencier physiquement de ses parents, avant d’acquérir le langage, puis de penser par lui-même, vers 3-4 ans. » Selon les enfants, cette façon de parler dure de quelques jours à plusieurs mois. Autre explication : le fait que nous, ses parents, et les adultes en général, utilisent souvent la troisième personne du singulier pour s’adresser à lui ! Si la maman de Nils dit souvent : « Maman va te donner le bain », au lieu de “Je” ou que son oncle s’exclame : « Nils, viens dire bonjour à
Tonton », au lieu de « Viens me dire bonjour », par mimétisme, l’enfant s’exprime pareil : « Mamie va faire un câlin à Nils ? », « Nils veut jouer avec Loan »…
On montre l’exemple
Pour aider l’enfant à se considérer comme individu à part entière, on formule nos phrases avec le bon pronom personnel : « Tu veux une pomme en dessert ? », « Je vais t’emmener à l’école »… Et on le reprend avec délicatesse dans sa formulation, mais pas systématiquement pour ne pas le brusquer ! « D’autant plus que tout ça est un processus très intérieur que l’enfant ne contrôle pas, précise la professionnelle. Le changement intervient souvent sans que les parents s’en aperçoivent tout de suite. » Les premiers temps, il confondra sûrement le “je” et le “il”, mais petit à petit, son cerveau sera en capacité d’effectuer la petite gymnastique. Pour l’encourager, on peut aussi s’aider de jeux de cartes et de société. La répétition des “à moi !” et “à toi !” l’aidera à saisir la différence. De la même façon, se pointer du doigt en disant “je” et l’amener à faire de même facilite son apprentissage. En revanche, si passé 4 ans, l’enfant s’emmêle encore souvent dans ses phrases, un rendezvous chez un orthophoniste l’aidera à acquérir ces subtilités.
Michel. * Auteur de “Comment parler à ses enfants ?” éd. Albin