Il a un appétit d’oiseau
Depuis tout petit déjà, il a du mal à finir son assiette, même ses plats préférés. On insiste pour qu’il prenne un peu de poids ou on l’écoute ?
Corentin passe de longues minutes à table devant son assiette. Il parle, regarde autour de lui et picore plus qu’il ne mange. Pourtant, rien ne lui déplaît dans son plat. Au bout d’un moment, il regarde ses parents et leur dit qu’il n’a plus faim. On lui demande de manger encore un peu. Corentin prend une bouchée ou deux de plus pour leur faire plaisir, mais il n’arrive pas à avaler davantage. À chaque repas, depuis qu’il est petit, c’est la même chose ou presque. Selon Laurence Haurat, psychologue nutritionniste à Bordeaux et Paris*, il n’y a pas lieu de s’inquiéter si l’enfant mange en petites quantités à partir du moment où « il grandit, dort, apprend et évolue bien. Il y a des enfants qui sont plutôt des picoreurs comme il y a de gros et de petits dormeurs. C’est un fonctionnement individuel ». Plutôt que d’aller contre sa nature, mieux vaut donc l’écouter.
On suit son rythme
En imposant à un petit mangeur un rythme de quatre repas quotidiens à heure fixe, ce qui est bien ancré dans notre société, on le met en difficulté, explique l’experte. L’idée : se défaire de la norme pour coller à son rythme ! S’il a un petit appétit, l’enfant voudra peut-être manger à plusieurs reprises mais de petites portions. À l’école, on peut couvrir ses apports énergétiques en lui donnant un encas de bonne qualité nutritionnelle. « Ça peut être du pain avec du cacao amer dans la pâte et des pépites de chocolat, du pain aux raisins secs, aux figues, des fruits secs, un morceau de fromage dans du pain, une galette de sarrasin tartinée de fromage frais et coupée en rondelles… On prend des aliments issus des céréales au sens large et des produits protidiques comme le fromage, les noix, le chocolat… », suggère Laurence Haurat. Il ne s’agit pas de grignotage où l’on mange n’importe quoi sans faim et sans fin… On fractionne juste davantage les repas !
On ne le force pas
Si on insiste pour que l’enfant termine son assiette, on risque d’entamer un bras de fer, et de le dégoûter de la nourriture. « Il peut alors accepter de terminer son assiette pour satisfaire ses parents. Mais il apprend à ne pas tenir compte de sa satiété et ça dérègle son organisme. Il mange tout et n’importe quoi, peut se tourner vers le sucré et grossir », prévient la psychologue nutritionniste. En fait, respecter ce qu’il dit, c’est l’aider à écouter ses besoins, à avoir confiance en ses sensations. En revanche, si son faible appétit s’accompagne d’autres troubles (manque de tonus, sommeil difficile…) ou que ses courbes de croissance et de corpulence dans son carnet de santé sont brisées, il peut y avoir une carence nutritionnelle. Dans ce cas, on en parle au médecin. *Auteure de “C’est l’enfer à table” (éd. Eyrolles). Son site : www.laurencehaurat.fr