Parents

Elle veut se maquiller

Dès qu’on a le dos tourné, elle en profite pour mettre notre rouge à lèvres et notre fard à paupières. Et voudrait aller à l’école comme ça ! Comment réagir ?

- DOROTHÉE BLANCHETON

Très coquette, Johanna adore porter des bijoux et des jupes. Et maintenant, elle veut se maquiller pour aller à l’école. Ses parents la trouvent bien trop jeune et ont donc refusé. Mais Johanna revient régulièrem­ent à la charge. « Certaines filles attachent de l’importance aux signes extérieurs de féminité : chaussures à talons, vêtements roses, paillettes… Elles assimilent les signes de féminité à leur mère (ou des substituts maternels) et cherchent à se les approprier petit à petit. En les adoptant, ça leur permet de grandir et de s’imaginer devenir une femme plus tard », explique Léa Ifergan-Rey, psychologu­e clinicienn­e à Paris.

On le limite au jeu

Au même titre qu’il est amusant pour l’enfant de se déguiser à la maison, dans le cadre d’un anniversai­re ou d’un spectacle, il peut aussi aimer se maquiller pour imiter les grandes personnes. Avant tout, on interroge sa petite fille sur ses motivation­s et sur ce que ça signifie pour elle, sans a priori : est-ce qu’elle veut ressembler à sa maman, à une héroïne de série ? Ensuite, on pose un cadre pour éviter le phénomène Lolita. « Un maquillage sera interprété différemme­nt par un enfant ou un adulte. On peut expliquer à sa fille que, pour un enfant, le maquillage peut servir à faire joli, mais que, pour un adulte, c’est comme si elle était en âge de se marier ! », prévient la psychologu­e. On peut l’autoriser à se maquiller à la maison, sur un temps limité, jusqu’au moment du bain par exemple. On précise qu’on fait semblant, que c’est pour jouer.

On l’accompagne dans l’apprentiss­age de la féminité

L’idéal, pour la psychologu­e, est d’accompagne­r sa fille dans cette découverte. On peut ainsi lui acheter une palette de maquillage spécial enfants aux ingrédient­s naturels. « Le côté miniaturis­é du coffret est intéressan­t. Ça indique qu’elle est petite, ne peut pas avoir accès au même maquillage que sa mère », suggère Léa Ifergan-Rey. On lui apprend aussi à se démaquille­r ! C’est l’occasion de lui expliquer qu’il existe mille et une façons de se sentir féminine et que se maquiller n’est que l’une d’entre elles. Pourquoi ne pas lui montrer quelques portraits de femmes qu’on admire, naturelles, mais tout aussi féminines ? On peut aussi lui faire voir une photo de femme trop maquillée pour qu’elle constate que lorsque c’est exagéré, ça peut faire vulgaire. Ces moments d’échange entre mère et fille seront alors source de discussion et de transmissi­on.

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