Parents

Je l’ai vécu : “J’ai perdu un de mes jumeaux in utero ! ”

Après un long parcours de PMA, je suis enfin enceinte. Des jumeaux, un petit garçon et une petite fille ! Mon conjoint et moi sommes ravis. Deux bébés et les deux sexes, la cerise sur le gâteau ! Ma grossesse se passe super bien, très surveillée comme tou

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRÉDÉRIQUE PAYEN

Le 7 juillet, je me rends à l’hôpital pour une échographi­e de contrôle. Nos deux bébés se portent à merveille, leurs coeurs battent la chamade, leurs poids sont corrects. Je viens de passer les 32 SA, ils peuvent arriver à n’importe quel moment, nous sommes prêts. Le gynécologu­e m’informe que je serai déclenchée vers le 10 août s'ils ne viennent pas avant. Une césarienne sera prévue, car ma petite fille est en siège et la première à sortir, et mon petit garçon positionné la tête en bas.

Les jours se suivent, mes bébés bougent bien… ils se chamaillen­t dans mon ventre et font la java. Le vendredi 10 juillet, mes bébés sont plus calmes, comme tous les matins. Ils ont dansé toute la nuit, il faut bien penser à se reposer ! À 11 heures, la sage-femme vient à domicile faire le monitoring. Elle pose les capteurs, deux coeurs sont bien sentis. Elle sort tout juste de l’école, et n’a pas l’habitude des grossesses gémellaire­s. Mon petit garçon s’étant retourné, elle ne sait pas bien où placer le capteur. Par précaution, elle me demande d’aller faire un monitoring à l’hôpital. Rien d’inquiétant pour elle. Sur place, je suis prise en charge par une sage-femme. Mon conjoint ne peut pas rester, à cause des règles Covid. Je suis donc seule, mais pas plus inquiète que ça. La sage-femme des urgences me fait le monitoring, tout va bien, elle capte les deux coeurs. Par précaution, elle décide d’appeler le gynécologu­e afin de me faire une échographi­e. J’échange des SMS avec mon conjoint, je le rassure, on me fait une échographi­e de routine. Il m’envoie un message avec un maillot de foot, en me disant « Regarde ce que j’ai trouvé pour notre petit garçon ! » La gynécologu­e rentre dans la salle, elle installe l’échographi­e. Elle capte ma petite fille : tout va très bien. Elle se dirige vers le coeur de notre petit garçon… Pas un bruit, silence dans la salle. On m’annonce de but en blanc que le coeur de mon bébé s’est arrêté.

Le monde s’écroule, je suis dans un cauchemar. Seule, face à cette horrible annonce… J’appelle mon conjoint pour qu’il me rejoigne. Je suis hospitalis­ée, on me demande de garder mes deux bébés dans le ventre, ma petite fille vivante, mon petit garçon décédé… afin que ma petite fille se développe au maximum. 11 jours passent, 11 jours de souffrance, de pleurs, de stress… 11 jours où je me suis dit qu’ils s’étaient trompés. 11 jours où nous sommes dévastés, je ne dors plus la nuit… Nous touchions notre bonheur du bout des doigts. Il ne restait que quatre petites semaines avant d’être déclenchée… Et ma petite fille, pourvu qu’il ne lui arrive rien… Elle qui donnait des coups de pied dans son frère, attendant une réponse… Pendant ces onze jours, nous avons côtoyé la vie et la mort… Dans la même journée, nous voyons le gynécologu­e pour notre petite fille, la chambre mortuaire pour notre petit garçon. Nous sommes transporté­s par la joie et le chagrin en même temps. Notre petit garçon n’était pas encore là que nous devions déjà préparer ses funéraille­s. Nous avons essayé de faire au mieux pour lui, pour n’avoir aucun regret… J’ai contacté une associatio­n, “Souvenange”, qui est spécialisé­e dans la photograph­ie des bébés décédés. Des personnes formidable­s, avec beaucoup de compassion et de pudeur.

Au bout de onze jours, nous voyant dévastés, les médecins décident de me faire une césarienne. Le 21 juillet, j’ai donné naissance à mes deux bébés d’amour. Notre petite fille Elyna est née en criant, et notre petit garçon Malone est né sans un bruit… Nous avons vécu, en même temps, la joie d’avoir notre petite fille, et le chagrin du décès de notre petit garçon. Nous avons passé six jours avec notre petit Malone avant sa sépulture. six jours où nous allions le prendre dans les bras, lui faire des câlins, lui parler. Six jours où nous nous étions déjà tellement habitués à lui… à son petit visage… Six jours où nous étions tantôt en chambre mortuaire, tantôt en service de néonatalog­ie pour notre petite fille. Nous donnions autant d’amour à l’un qu’à l’autre, nous étions parents de jumeaux, et les avons accompagné­s l’un dans la vie, l’autre dans la mort.

Le retour à trois à la maison fut extrêmemen­t dur. Nous devions être quatre. Les deux lits les attendaien­t, la poussette double les attendait. Je suis et resterai la maman de deux enfants, mon petit Malone et ma petite Elyna. Même si notre petite princesse est là, et heureuseme­nt, je n’arrive pas à profiter pleinement. J’ai ce manque, le manque de notre petit garçon. Notre fils a existé, et je veux qu'il continue à exister pour nous, notre famille et notre entourage.

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« À 32 SA, nos deux bébés se portent à merveille. Leurs coeurs battent la chamade, leurs poids sont corrects. Ils se chamaillen­t et font la java ! Ils peuvent arriver à n'importe quel moment, nous sommes prêts. »
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