Les neurosciences nous disent pourquoi c’est important !
Plus on explore le cerveau des enfants, plus on découvre à quel point il est immature, fragile et malléable au gré de ses premières expériences de vie. Études à la clé. Avec le Dr Catherine Gueguen.
Depuis les années 2000, les études scientifiques en neurosciences affectives et sociales, qui étudient l’influence des émotions sur le cerveau, ont démontré l’impact déterminant de l’environnement de l’enfant sur son développement cérébral. Jusqu’à 5 ans, l’enfant ne peut pas contrôler ses émotions. Le cerveau est comparable à une maison sur trois niveaux :
Au RDC, c’est le cerveau archaïque, siège des réflexes et des besoins primaires liés à la survie.
Au 1er étage, c’est le cerveau émotionnel, avec l’amygdale cérébrale, siège de la peur, seule structure entièrement mature dès la naissance.
Au 2e étage, c’est le cortex, qui se développe au fil de la croissance, en terminant par le cortex orbitofrontal (COF), qui permet notamment la régulation des émotions. Il commence à se connecter entre 5 et 7 ans, en fonction de l’attitude de l’entourage de l’enfant. Il n’est mature qu’à l’âge adulte (25 ans).
Chez le jeune enfant, toutes les réactions sont purement émotionnelles.
Joies, peurs, chagrins, colères l’assaillent. Ultra-sensible à la peur, il y réagit en sécrétant de grandes quantités de cortisol, l’“hormone du stress”. Celle-ci interfère sur l’hormone de croissance des neurones, freinant le développement du cerveau, et abîme les structures cérébrales, particulièrement l’hippocampe, zone essentielle aux apprentissages et à la mémorisation.
Les paroles blessantes, humiliantes, méprisantes, altèrent également le fonctionnement de circuits neuronaux et de zones participant à la compréhension du langage.
Les études montrent que le cerveau de jeunes adultes ayant subi dans l’enfance des corrections répétées présente un déficit de matière grise dans la région préfrontale et un moindre volume du cortex orbitofrontal (COF) qui a un rôle central : cette zone intervient dans la régulation des émotions, la prise de décisions, la motivation, mais aussi dans la capacité à l’empathie, au sens éthique et moral… au bonheur !
À l’inverse, toute attitude bienveillante stimule le développement du cerveau !
Un attachement sécurisant, un parent qui répond aux besoins affectifs du bébé, mais aussi qui verbalise ses émotions négatives, diminue les effets du stress sur le cerveau du bébé. De même qu’il augmente le volume de la matière grise, notamment les cortex frontal et temporal, offrant ainsi à l’enfant de meilleures capacités de langage, de mémoire, de raisonnement logique et de gestion de son vécu émotionnel.
Et bonne nouvelle, le cerveau peut se réparer, sa plasticité ouvre la voie à la résilience.
À tout moment et notamment à l’adolescence. Ainsi, dès que l’enfant bénéficie d’un entourage bienveillant, la plasticité cérébrale permet de reconstruire les zones abîmées ou sousdéveloppées. C’est à l’adolescence, période de plasticité maximale, que le cerveau se répare le mieux. Mais attention : ce regain de plasticité rend aussi l’adolescent très influençable, c’est une période de vulnérabilité, où les expériences vécues sont marquantes.