Parents

Sans les problèmes de peau de ma fille, je ne me serais jamais intéressé à ce sujet.

Edward, 58 ans, papa de Grainne, 22 ans, Tara, 20 ans, et Roisin, 19 ans.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ÉMILIE VEYSSIÉ

Àla naissance de Margot, j’ai eu un fort désir d’investisse­ment, un peu mis à mal par le petit congé paternité d’alors. Cependant, comme j’étais formateur en pharmacie, j’étais assez autonome et j’ai pu organiser mes journées comme je le souhaitais. Grâce à ça, j’ai pu être présent pour ma fille ! Mais, à ses 9 mois, un accident dramatique est arrivé. Nous étions chez des amis et on se préparait à dire au revoir. Margot a monté seule les escaliers et elle a fait une grosse chute. Nous avons filé aux urgences, elle avait un traumatism­e crânien et une triple fracture. Elle a été hospitalis­ée sept jours. Heureuseme­nt, elle s’en est sortie sans séquelle. Mais ça a été un moment insupporta­ble et terrifiant. Et surtout, ça a été un déclic pour moi !

J’ai fait des recherches et je me suis aperçu que les accidents domestique­s étaient très fréquents et que personne n’en parlait

Pour ne pas que ça arrive à quelqu’un d’autre, j’ai eu l’idée d’organiser des ateliers de prévention des risques, comme ça, en amateur, pour quelques papas de mon entourage. Pour le premier atelier, on était quatre ! Ça faisait partie d’un processus de réparation de moi-même, comme une sorte de thérapie de groupe, même si j’ai eu beaucoup de mal à en parler. Il m’a fallu quatre ans pour oser raconter ce qui s’était passé. La première fois que j’en ai parlé, c’était dans mon premier livre “Mes premiers pas de papa”. Ma conjointe, Marianne, m’a poussé à en parler. Moi, je me sentais terribleme­nt coupable. Aujourd’hui, je ne me suis pas encore totalement pardonné. Il me faut encore du temps. J’ai suivi une thérapie à Sainte-Anne qui m’a aidée également.

Et puis, deux ans après l’accident, l’entreprise dans laquelle je travaillai­s a fait un plan social

Mes chefs savaient que j’avais mis en place des ateliers réguliers, alors ils m’ont proposé de monter ma société grâce à une prime exceptionn­elle de départ volontaire. J’ai décidé de me lancer : les “Ateliers du futur papa” étaient nés! C’était très risqué. Déjà, je quittais le salariat pour l’entreprena­riat. Et, en plus, les ateliers sur la parentalit­é réservés aux hommes, ça n’existait pas ! Mais ma femme m’a encouragé et a toujours été à mes côtés. Ça m’a aidé à prendre confiance.

Entre-temps, Alice est née. Les ateliers ont évolué au fil de la croissance de mes filles et de mes interrogat­ions. Le fait d’informer les futurs papas, ça peut totalement changer le chemin de vie et le devenir d’une famille. C’est ça qui a été mon moteur. Car acquérir les informatio­ns, ça peut tout changer. Tout mon regard s’est bloqué sur la question de la parentalit­é, de la paternité et de l’éducation. Rien de tout ça ne serait arrivé sans l’accident de ma fille. C’est un hyper mal pour un hyper bien, car dans cette douleur extrême est née une joie immense. J’ai des retours tous les jours des papas, c’est ma plus belle récompense. » “Nouveaux papas, les clés de l’éducation positive”, éd.Leducs

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