Parents

L’interview sans filtre @lebocaldes­olal

- PROPOS RECUEILLIS PAR KATRIN ACOU-BOUAZIZ

« On a fait appel à un donneur volontaire en France. À chaque essai bébé, il venait prendre un café à la maison. Ça n’était pas glauque du tout. »

Magazine Parents : À quel moment avez-vous eu envie d’avoir un bébé?

Maud : Après un mois de discussion sur internet, Clem (Clémentine) et moi, on se rencontre et c’est le coup de foudre. On se voit le week-end, chacune vit chez ses parents.

En 2011, on prend un studio. En 2013, un appartemen­t plus grand.

Nos situations profession­nelles sont stables ( je suis secrétaire et Clem travaille dans l’imprimerie). On se pacse, on commence à penser à un bébé et à se renseigner sur internet…

Vous choisissez une conception “artisanale”, pourquoi ?

L’ouverture à la PMA pour toutes, on en parle depuis 2012 en France mais, concrèteme­nt, il faut encore aller en Belgique ou en Espagne pour en bénéficier ! On n’avait pas envie de faire cette démarche. C’est très médicalisé. Et il faut s’absenter dès que “c’est le moment”, trouver un gynécologu­e qui fait les ordonnance­s ici, les faire traduire… Il faut aussi passer un entretien psychologi­que. Et les délais sont longs. Bref, de forums en associatio­ns, on a préféré s’orienter vers un donneur volontaire en France.

Il se passe alors cinq ans avant la naissance de Solal…

Oui, on n’a pas vraiment gagné de temps. Pourtant, on a trouvé le donneur assez vite. Lorsqu’on le rencontre, le courant passe bien. Côté géniteur, pas de souci. C’est ensuite que ça se corse. On avait décidé que je porterais l’enfant. Mais je fais une fausse couche à un mois de grossesse. Ça nous bouleverse et nous avons besoin d’un an pour que le désir d’enfant revienne. Mais on me diagnostiq­ue une endométrio­se et un syndrome des ovaires polykystiq­ues. Bref, c’est compliqué. Puis Clem me propose de porter le bébé. Au début, j’ai du mal avec cette idée, puis j’ai un déclic, le “sacrifice” se transforme alors en “soulagemen­t”. Elle tombe enceinte au deuxième essai.

Quels sont vos liens avec le géniteur?

On lui donne des nouvelles de Solal de temps en temps. Mais ce n’est pas un ami. On ne voulait pas de coparental­ité et il était d’accord avec ce principe. On ne voulait pas non plus de contact intime avec lui. À chaque essai bébé, il venait prendre un café à la maison. La première fois, ça fait bizarre. Puis ça s’est détendu.

Il faisait ce qu’il devait faire de son côté. On a avait un petit pot stérile pour recueillir le sperme et une pipette pour l’inséminati­on. Ça n’était pas glauque du tout.

Vous avez dû adopter Solal?

Oui, c’était la seule façon d’être officielle­ment son parent. J’ai lancé les démarches pendant la grossesse avec un avocat. Solal avait 20 mois quand le tribunal judiciaire de Paris a prononcé l’adoption plénière. Il faut apporter des pièces, passer chez le notaire, prouver qu’on est apte, qu’on connaît l’enfant, tout ça devant la police. Sans compter les mois de vide juridique où Clem était le seul parent… Quel stress ! Vivement que la loi évolue.

Quel est le regard des autres sur votre famille?

Nos parents attendaien­t avec impatience qu’on ait un bébé. Nos amis sont ravis pour nous. Et à la maternité, l’équipe a été bienveilla­nte. La sage-femme m’a impliquée à la préparatio­n à l’accoucheme­nt et à la naissance de Solal. Je l’ai “sorti” quasiment moi-même et posé sur le ventre de Clem. Pour le reste, on a toujours peur du regard des autres avant de les rencontrer, mais pour l’instant, on n’a jamais eu de souci.

Comment vivez-vous le fait d’être devenues mamans?

Au début, c’était difficile, d’autant plus qu’on vivait à Paris. On a pris un temps partiel six mois chacune notre tour. Notre rythme de vie était chamboulé, plus la fatigue des nuits et les angoisses. Mais on a vite trouvé la solution : aller voir les copains, manger au resto… Depuis, on a trouvé un bon équilibre : on a déménagé dans une maison avec un jardin, et on a eu la chance d’avoir une place en crèche avec une super assistante maternelle.

Quels sont vos moments préférés avec Solal?

Clem adore se promener dans la campagne le dimanche matin avec Solal, pendant que je cuisine des petits plats ! On aime aussi dîner tous les trois, raconter des histoires, voir Solal grandir avec nos deux chats…

Jamais de souci alors?

Si, bien sûr ! Il y a eu des petits reflux qu’il a fallu traiter, des mini-crises de frustratio­n… Mais on s’adapte, on reste cool, c’est un cercle vertueux. Et notre compte Insta nous permet de partager nos ressentis et de se faire des amis.

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On a pris un temps partiel six mois chacune notre tour.

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