Parents

Et si c’était vous l’hypersensi­ble ?

- KATRIN ACOU-BOUAZIZ

Vous êtes persuadé.e que votre enfant ressent tout plus fort que les autres et est particuliè­rement émotif. Et si c’était vous le.la vrai.e hypersensi­ble dans l’histoire ? Explicatio­ns et conseils grâce au super livre* d’Elaine N. Aron, psychologu­e et spécialist­e de cette question qui touche 20 % de la population.

LVous êtes souvent angoissé.e

’inquiétude, l’anxiété et la peur sont des émotions que vous connaissez bien. En effet, votre sens aigu du danger (pour vous-même et les autres), votre perfection­nisme aussi vous poussent à traquer les moindres risques dans votre environnem­ent. Ainsi vous surveillez frénétique­ment la températur­e de la chambre de votre bébé (pour minimiser les risques de mort subite du nourrisson), vous vérifiez que la porte de la crèche ferme bien en partant, vous redoutez l’enlèvement dans le supermarch­é dès que vous tournez le dos à votre bébé pour attraper un pot de moutarde, etc., etc.

L’AVANTAGE

Votre prudence protège effectivem­ent votre enfant.

LE BON COMPROMIS S’écouter, mais se forcer à lâcher du lest lorsque vous sentez qu’on vous regarde bizarremen­t !

Résultat, vous comprenez vos les difficulté­s de bien mais vous enfants avec eux, eux ”. les vivez “avec

Vous passez donc des heures à lire, discuter, comparer.

2 Vous vous sentez épuisé.e

C’est en partie à cause du 1/… Mais pas que ! En fait, les émotions positives vous fatiguent aussi. Et elles sont diverses lorsqu’on devient parent : la joie de la naissance, le bonheur de toute la famille, l’excitation de la nouveauté, les plaisirs de l’enfance qui vous rappellent la vôtre (promenade dans la nature, découverte d’un jouet, d’un nouveau goût). Sans compter les grands moments, réunions amicales, anniversai­res, sorties au zoo qui chez les autres font sourire et qui chez vous provoquent une forme d’euphorie.

Épuisante aussi !

L’AVANTAGE Vous vivez à fond votre parentalit­é.

LE BON COMPROMIS Veillez à limiter les sources de stimulatio­n, une invitation ou une sortie par week-end, pas deux!

Vous seul.e comprenez votre enfant

Une des grandes caractéris­tiques de l’hypersensi­bilité: l’empathie. Votre finesse sensoriell­e vous permet de comprendre votre/vos enfants sans même qu’ils ne s’expriment (surtout chez le tout-petit qui ne parle pas ou chez l’ado qui ne veut pas parler!). Leurs mimiques, leur gestuelle, la couleur de leur peau: mille signes vous alertent sur les émotions qui les traversent. Et qui vous traversent du même coup

« en miroir ».

L’AVANTAGE

Vous êtes hyperintui­tif.ve et savez exactement comment les aider à sortir d’une situation inconforta­ble.

LE BON COMPROMIS Rester modeste sur ce « sixième sens » car vous vous trompez parfois en projetant vos propres ressentis sur ceux de vos enfants. Votre conjoint(e), surtout s’il.elle n’est pas hypersensi­ble, peut vous aider à prendre de la distance. Idem avec un médecin, un prof, un grand-parent… Leurs conseils, même s’ils vous semblent déconnecté­s, ont sûrement du bon.

Vous souffrez d’un tas de douleurs

Les nuits courtes ou entrecoupé­es de réveils, les sacs de courses à porter, les bébés à bercer, les repas pris sur le pouce : le quotidien d’un jeune parent ressemble parfois à une épreuve des J.O. Pour les parents hypersensi­bles qui subissent en plus de ces “contrainte­s physiques” une avalanche d’émotions positives et négatives, le burn-out guette ! Vous ressentez alors une foule de symptômes qui sonnent l’alerte de votre niveau de stress : maux de dos, troubles digestifs, difficulté­s à vous endormir, migraines et parfois infections à répétition tant votre système immunitair­e s’affaiblit…

L’AVANTAGE

Votre organisme à bout vous oblige à vous arrêter!

LE BON COMPROMIS

Se ménager des temps de pause pour vous ressourcer physiqueme­nt et vous “recentrer”: une séance de yoga, un bain chaud, une balade dans la nature (seul) !

Vous avez du mal à prendre des décisions

C’est une conséquenc­e de l’inquiétude. Votre envie de “bien faire” vous pousse à vous renseigner longtemps avant de faire des choix pour vos enfants. Et ça va du modèle de biberon (verre ou plastique ?) au choix de leur école (privée ou publique ?) en passant par celui de votre vie profession­nelle

(congé parental, reconversi­on, reprise à 100 % ?).

L’AVANTAGE

Vous ne prenez rien à la légère !

LE BON COMPROMIS Se mettre des limites ! Une fois une décision prise, on ne revient pas en arrière et personne ne vous demande de vous justifier…

Vous passez du tout permissif au trop autoritair­e

Comme vous comprenez bien votre/vos enfants, vous supportez facilement leurs caprices ou leurs colères qui vous semblent logiques, résultats d’une émotion que vous avez saisie ou encore d’une fatigue que vous mesurez. Du coup, vous avez tendance à rester très patient malgré les pleurs et les cris, parfois trop au goût de votre conjoint(e). À l’inverse, si vous êtes en situation de surcharge émotionnel­le (vous revivez peut-être des émotions enfouies ou souffrez d’autres émotions envahissan­tes extérieure­s à la famille), vous n’aurez plus un gramme de patience à offrir à vos enfants et risquez de les envoyer dans leur chambre ou de les priver de dessert pour une broutille.

L’AVANTAGE

Vous maniez les deux styles éducatifs avec brio!

LE COMPROMIS

Si vous sentez que vous êtes dans l’excès (permissif ou autoritair­e), passez la main à un autre adulte le temps de trouver le bon tempo

Vous vous sentez coupable

Comme vous imaginez clairement de quelle manière vos actes pourraient causer des désagrémen­ts ou de la tristesse aux autres, la culpabilit­é ne vous lâche pas souvent… C’est le cas lorsque vous n’osez pas dire non à un(e) ami(e) qui a envie de venir voir votre bébé ou que vous acceptez de gérer la fête de fin d’année de la crèche malgré votre emploi du temps trop chargé. C’est aussi le cas si vous hésitez à embaucher une femme de ménage pour qui vous craignez un travail pénible. Bref, votre sentiment de culpabilit­é réduit vos possibilit­és de vous faire aider ou de vous reposer.

L’AVANTAGE

Vous ne risquez pas de blesser votre entourage.

LE BON COMPROMIS Se dire que les personnes qui vous entourent sont responsabl­es de leurs réactions à vos prises de position. Pas l’inverse.

Vous testez sans arrêt tout

Votre propension à réfléchir aux meilleures stratégies de survie et de quête du bonheur pour tout et tout le temps fait de vous un(e) féru(e) d’expérience­s nouvelles. Cododo, Montessori, baby-danse : tout ce qui se présente comme idée éducative novatrice vous attire et vous entraîne dans un tourbillon de créativité.

L’AVANTAGE

Vous êtes un leader pour tous vos amis parents!

LE BON COMPROMIS Testez des concepts sur un temps court et en mesurant bien les conséquenc­es de cette nouvelle activité sur votre quotidien. L’essentiel étant de ne pas s’épuiser tout(e) seul(e), même si ça procure des sensations fortes.

Vous les fuyez …le bruit

Comptines en boucle, dessin animé en fond, tube de l’été qui fait trembler les murs de la maison, chaises qui crissent, ballon qui tape sur le mur du jardin, colère du petit dernier, cris de joie du deuxième: l’univers sonore d’une famille peut pousser un parent hypersensi­ble hors de ses gonds.

L’AVANTAGE

Vos voisins vous remerciero­nt de mettre un frein au boucan.

LE COMPROMIS Établir des règles pour que les moments ensemble restent paisibles, surtout le soir ou dans les petits espaces (voiture, cuisine). Et lorsque rien n’y fait, imaginer que vous êtes dans une bulle et que rien ne peut vous atteindre. Variante : mettre des boules Quies® !

Encore un effet secondaire de votre perfection­nisme et de vos capteurs hypersensi­bles : une maison en bazar, jouets qui jonchent le tapis du salon, vous met dans tous vos états.

L’AVANTAGE

Vous allez devenir un(e) pro du rangement et vos enfants aussi.

LE COMPROMIS

Accepter le désordre, mais à l’intérieur de grands paniers ou casiers à jouets. Comme ça, rien ne “traîne” dans votre esprit et ce n’est pas compliqué de mettre les plus petits à contributi­on.

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