Il a un ami imaginaire
Comme près des deux tiers des enfants de son âge, Arthur a un ami imaginaire : un soutien très utile pour ses années de maternelle !
Vlan ! Le bac de jouets est renversé aux pieds d’Arthur, 4 ans. « C’est Charly, explique-t-il, il voulait jouer encore. Il ne veut pas aller au bain. » Charly transgresse, Charly conteste, il peut se le permettre : c’est l’ami imaginaire d’Arthur.
Un compagnon sur-mesure
Arthur vogue entre imaginaire et réalité. Dans le monde réel, il se sent petit, vulnérable, timide : il a besoin d’un allié, et c’est tout naturellement dans son imaginaire qu’il le fabrique. Charly est son copain, mais aussi son protecteur, son confident et son complice : c’est l’ami idéal ! Grâce à lui, Arthur ne se sent plus seul, il a beaucoup moins peur. En dialoguant avec lui, Arthur affine les compétences sociales qui lui permettront bientôt de se faire de vrais amis. En outre, à travers lui, il nous pose des questions et nous dévoile des pensées qu’il n’oserait pas exprimer en son nom.
« L’ami imaginaire est un atout pour les parents, affirme MarieEstelle Dupont, psychologue* : c’est la voie royale pour comprendre ce qui se passe dans la tête de l’enfant. » Lorsque l’ami entre en scène, on questionne l’enfant : de quoi il a besoin, cet ami ? Qu’est-ce qu’il a envie de nous dire ? Comment on pourrait l’aider ?
Aux frontières du réel
Si l’ami imaginaire refuse une règle, on demande à l’enfant de la lui expliquer : ça le responsabilise. Si l’enfant lui attribue sa bêtise, on lui demande de l’aider à réparer. On n’entre pas dans un débat stérile pour le convaincre que son ami n’est pas réel : jusqu’à 6 ans, ça n’a pas grand sens pour lui. Son ami existe dans sa tête, point. À nous de marquer en douceur la frontière entre réel et imaginaire : « Ton ami, je ne le vois pas, il est dans ta tête, je crois qu’il n’a pas besoin d’une chaise. » La plupart du temps, c’est à l’entrée en primaire que l’ami imaginaire s’efface devant les premiers vrais amis, mais il peut perdurer sans que ce soit un problème, ou ressurgir à l’occasion d’un grand évènement (naissance d’un petit frère, séparation…). En revanche, si l’enfant semble fuir de plus en plus le réel pour se retrancher avec son “ami” dans son univers parallèle, il va falloir consulter un psy pour l’aider à en sortir.
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