Elle se déplace sur les fesses
Sa manière de se déplacer nous amuse au début, mais elle n’est pas très physiologique. Alors, on réagit pour aider notre enfant à acquérir toutes les étapes avant de marcher.
Les parents de Nina s’étonnent. La petite fille de 15 mois ne se met pas debout pour tenter de marcher, mais se déplace sur les fesses. Et à vive allure ! Ils tentent de relativiser : après tout, à chacun son rythme. Elle a peut-être davantage développé d’autres compétences, peut-être que cette méthode lui convient bien… Pour la kinésithérapeute Michèle Forestier* : « Si l’enfant se déplace sur les fesses, ce n’est pas un choix, c’est parce qu’il ne peut pas faire autrement. » Ce n’est pas naturel, le haut du corps est inutilisé.
Une gêne physique ?
La spécialiste avance deux raisons possibles. L’enfant est gêné par quelque chose (corps trop tendu ou au contraire pas assez tonique, torticolis…), ou il a été posé assis avant d’être capable physiquement de tenir cette position tout seul. « Il se retrouve bloqué dans cette position, ne trouve pas le quatre pattes et se déplace sur les fesses par défaut. Mais ce n’est pas un bon schéma moteur pour apprendre à marcher. J’ai vu des enfants avec ce souci parvenir à marcher. Mais ils n’ont souvent pas acquis les étapes intermédiaires comme se retourner, pivoter sur le ventre, ramper, faire du quatre pattes. Ils risquent d’avoir des difficultés plus tard, pour monter les escaliers, pour se protéger des chutes… », prévient Michèle Forestier.
Une rééducation bienvenue
Rien de grave toutefois, mais cette posture mérite d’être rapidement prise en charge, car plus on agit tôt, meilleurs sont les résultats. Si l’on constate des difficultés motrices, on consulte un kinésithérapeute rééducateur ou un psychomotricien. Celui-ci aidera l’enfant à acquérir toutes ces étapes préalables à la marche. La durée de la prise en charge peut s’étaler de 1 à 6 mois selon l’ancienneté du problème et les acquis de l’enfant. À la maison, on vérifie s’il sait se retourner, s’il est à l’aise à plat ventre… en le laissant libre sur un tapis au sol. Et on n’essaie pas de le mettre debout pour l’aider à marcher. On lui donne de l’espace et un environnement sécurisé pour qu’il aille où il veut et puisse se mettre debout tout seul à l’aide de supports bien stables (table basse, petite chaise d’enfant…). On l’encourage avec la voix. On se promène à côté de lui alors qu’il pousse son chariot de marche… l DOROTHÉE BLANCHETON
(*) Auteure de “De la naissance aux premiers pas” (éd. Érès)