Parents

Il veut retourner dans mon ventre

Vouloir grandir, mais aussi rester un nouveau-né… À cet âge, il lui est encore difficile d’accepter les changement­s ! Comment l’accompagne­r vers l’autonomie ?

- CLÉMENTINE DELIGNIÈRE­S

Léo, la main posée sur le nombril de sa maman, lui annonce qu’il aimerait rentrer dans son ventre, comme un bébé. La surprise est grande pour ses parents, et elle va de pair avec une certaine inquiétude vis-à-vis de cette étrange demande. « Lorsqu’il ne verbalise pas ce désir, l’enfant peut aussi l’exprimer à travers des comporteme­nts régressifs, comme des pipis au lit », ajoute Mélisande Lecante, psychologu­e*. Cette phase coïncide souvent avec des changement­s importants, comme l’entrée à l’école ou l’arrivée d’un bébé dans la famille.

Nos angoisses de parents

Face au désir de l’enfant de “retourner dans le ventre”, on peut s’interroger sur notre propre comporteme­nt. « Certains parents ont du mal à laisser leur tout-petit s’autonomise­r, reprend la spécialist­e. Ils ont l’impression que le temps passe trop vite. Bien sûr, il ressent ces craintes. » Autre cas de figure : l’enfant ne se sent pas bien sécurisé, avec une angoisse de séparation, et il veut retrouver cet état initial de fusion avec sa mère. Tiraillé entre son envie de grandir et celle de rester bébé, il exprime un mal-être. Pour l’apaiser, on lui montre qu’on a toute confiance en lui. On insiste : il est capable de grandir et on l’aimera toujours autant. « C’est un âge d’opposition : l’enfant doit comprendre que, s’il n’est pas tout le temps d’accord avec son papa ou sa maman, ils restent là pour lui, à ses côtés. »

Un besoin de régression

On peut aussi dévoiler sa fierté vis-à-vis de ses réussites et souligner les avantages à devenir grand : faire du vélo, inviter des copains, etc. Sans en faire trop non plus toutefois, pour ne pas « favoriser l’omnipotenc­e, le mettre sur un piédestal, alerte Mélisande Lecante. Les comporteme­nts régressifs sont sécurisant­s pour pouvoir appréhende­r de nouvelles étapes. Il faut les accepter pendant un temps et accompagne­r l’enfant à traverser cette phase sans se fixer sur ces comporteme­nts. » On s’alerte quand la situation dure trop et qu’on se sent démuni. Quelques séances avec un psychologu­e peuvent aider à mettre en mots les inquiétude­s de la famille et se rassurer.

l* Psychologu­e pour enfants, Mélisande Lecante exerce en cabinet à Muret (Haute-Garonne) : www.psy-enfant-muret.fr

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