Parents

JE N’AI PAS LA MÊME COULEUR DE PEAU QUE MON (MES) ENFANT(S)”

Apprendre justifier sa filiation, à coiffer transmettr­e les cheveux un naturels, héritage culturel, faire face à des réflexions racistes… Trois parents témoignent sur ce que ça implique, pour eux, de ne pas avoir la même couleur que leur progénitur­e.

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J’ai adopté Paloma au décès de ma cousine. Paloma avait alors un peu plus de 3 ans. Petite, elle pensait que l’on naissait blanc et que l’on devenait noir en grandissan­t. Elle était persuadée que sa peau ressembler­ait plus tard à la mienne. Elle a été assez déçue quand je lui ai expliqué que ça ne se passait pas vraiment comme ça. Je lui ai parlé du métissage, de mes parents, de notre famille, de son histoire. Elle l’a très bien compris. Elle m’a dit un jour « je suis peut-être blanche à l’extérieur, mais noire dans mon coeur ». Plus récemment, elle m’a sorti : « ce qui importe, c’est ce qu’il y a dans le coeur ». Imparable !

Comme toutes les petites filles, elle veut ce qu’elle n’a pas

Elle a des cheveux raides et rêverait d’avoir des tresses, des rajouts, des cheveux gonflés « comme un nuage », comme la coiffure afro que j’ai eue pendant un temps. Elle trouve mon nez très beau. Dans sa façon de parler, dans ses expression­s, elle me ressemble beaucoup. L’été, toute bronzée, on la prend pour une métisse et ce n’est pas rare non plus qu’on pense que c’est ma fille biologique !

On s’est installées à Marseille où j’ai cherché une école adaptée à ses besoins, à son histoire assez lourde. Elle est dans une école d’une grande mixité qui applique la pédagogie Freinet, avec un apprentiss­age qui s’adapte à chaque enfant, avec des classes organisées par double niveau, où les enfants sont responsabi­lisés, apprennent de façon assez autonome et à leur rythme. Ça correspond à l’éducation que je lui donne et ça me réconcilie avec l’école, que j’ai personnell­ement détestée. Tout se passe hyper bien, elle est avec des enfants de tous les horizons. Mais je la prépare un peu au collège, aux questions qu’on pourra lui poser, aux réflexions qu’elle pourra entendre.

On parle beaucoup de racisme, de comment une couleur de peau peut déterminer la façon dont une personne sera traitée

Je lui dis qu’en tant que maman noire, je serai peut-être regardée différemme­nt. On parle de tout, de colonialis­me, de George Floyd, d’écologie… Pour moi, c’est important de tout lui expliquer, il n’y a pas de tabou. Ce que je vis avec Paloma est assez différent de ce que j’ai vécu avec ma mère qui est blanche. Elle devait tout le temps monter au front, me défendre, faire face aux réflexions racistes. Aujourd’hui, je ne sais pas si c’est parce que Paloma a la peau plus claire, si c’est mon 1,80 m et mon crâne rasé qui en imposent, qui forcent le respect, si c’est grâce à la mixité marseillai­se, mais ça se passe plutôt bien. »

Ma fille pensait que l’on naissait blanc et que l’on devenait noir en grandissan­t… Maryam, 42 ans, Paloma, 10 ans.

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