Témoignages : “Je n’assume pas mon corps post-grossesse”
La positive” nouvelle nous tendance libère en du nous “body encourageant à accepter nos kilos… Attention, malgré tout, à ce que ça ne devienne pas un diktat de plus, parce qu’il ne faut pas se leurrer : beaucoup de femmes ne reconnaissent plus ce corps qu
Malgré notre jeune âge, Mathieu et moi sommes passés par un parcours PMA et ICSI pour concevoir nos filles. Après un an et demi d’essais naturels infructueux, on a eu de la chance. Il aura suffi d’une insémination artificielle en avril 2015 pour que je tombe enceinte. Notre joie était immense! Ma grossesse? Que du bonheur ! Mais… j’ai pris 18 kg et après mon accouchement, mon ventre est devenu méconnaissable. Je pouvais plonger un poing entier dans cette peau flasque et froissée. À l’intérieur, tous mes muscles dont les abdominaux s’étaient déchirés et je n’avais plus de nombril. Pendant six mois, je me suis sentie tellement mal! Je ne supportais pas que Mathieu me touche le ventre. Les vergetures, la peau qui change d’aspect, les seins moins fermes, tout ça, je voulais bien l’accepter car ça faisait partie du bonheur de donner la vie. Mais je complexais tellement sur mon ventre…
Je culpabilisais de vouloir m’occuper de moi, de retrouver ma vie de femme, alors qu’on avait galéré pour avoir nos filles
C’est ma gynécologue qui m’a fait relativiser les choses en me disant qu’à 24 ans, j’avais toute la vie devant moi, et le droit de reporter un jour des maillots de bain deux-pièces sur la plage sans avoir honte de montrer mon ventre. Surtout, j’avais le droit de me sentir à nouveau désirée dans les yeux de Mathieu qui n’a cessé de me rassurer et de m’encourager dans ma décision. J’ai donc décidé d’agir! J’ai attendu que mes filles aient 6 mois pour aller voir un chirurgien spécialiste dans la reconstruction post-grossesse. Il m’a conseillé d’attendre neuf mois encore, le temps de retrouver mon poids de forme, sans oublier de me mettre en garde sur les complications possibles. Car l’abdominoplastie n’est pas une opération anodine et les risques d’embolie pulmonaire sont bien réels !
En mars 2017, je suis passée au bloc: ça a duré 4 heures et demie
Malgré les risques encourus, j’ai fait une plastie abdominale. Élodie, 29 ans, maman de Maéla et de Loane, 7 ans et demi.
Le médecin m’a retiré 3 kg de graisse, il a tout recousu, redessiné, repositionné le nombril et lifté la peau. J’ai même eu une liposuccion gratuite ! La cicatrice courait d’une hanche à l’autre car le médecin a pris soin de m’ouvrir au niveau de la culotte et de la cicatrice de ma césarienne. Au début, c’est super impressionnant, je ne vais pas dire le contraire, mais aujourd’hui, on ne voit quasiment plus rien. J’ai même oublié le coût de l’intervention (3 000 €), prise en charge uniquement quand la peau recouvre le pubis, ce qui n’était pas mon cas, tout comme les douleurs, le fait que je marchais courbée à cause de cette sensation désagréable de tiraillement, la gaine aussi que j’ai portée pendant un mois et demi… J’avais interdiction de soulever quel que poids que ce soit! Aujourd’hui, je revis! Je me sens belle dans les yeux de Mathieu et suis si heureuse de pouvoir porter à nouveau tous les vêtements que je veux, y compris les maillots de bain deux-pièces… Mon ventre est beau, tonique… C’est sans regret !
Je suis le genre de fille avec des formes. Des seins, des fesses, des hanches. Après avoir vécu le parcours du combattant (quatre FIV et trois transferts d’embryons congelés avec 15 kg de plus sur la balance), je suis tombée enceinte à 40 ans. Un miracle, deux, plus exactement! Dès le premier mois, mon ventre a poussé. Mon visage s’est arrondi et mes veines se voyaient à des kilomètres à la ronde. À trois semaines de grossesse, j’ai ressenti les premières nausées, du matin au soir et du soir au matin, et ça pendant 4 mois. C’est long 4 mois, surtout quand tout écoeure. Seuls les aliments blancs ou jaunes passaient: chips, pâtes, pain-beurre, pommes de terre…
C’est là que tout a vrillé!
Impossible de dormir aussi à partir de cinq mois de grossesse, mon petit Gaspar s’amusant à me déplacer les côtes. Alors je mangeais ce que je pouvais. J’ai eu beau me reprendre en main à ce moment-là, le mal était fait. J’étais suivie une fois par mois à l’hôpital pour grossesse gémellaire. Je redoutais le moment de la pesée. Je me souviendrai toute ma vie de la dernière visite avant d’accoucher : j’avais réussi à prendre 10 kg en 1 mois. Ma gynécologue était désemparée, mes parents très inquiets de mon état, et mon mari qui avait banni le sucre de la maison et ne me cuisinait que des plats thaïs diététiques ne comprenait pas. Il tentait de relativiser en me disant que c’était de la rétention d’eau. Aussi, j’ai été couverte de petits grains de beauté sur le buste qui ne sont jamais partis. Même ma voix avait changé. J’ai accouché prématurément, à 34 semaines… avec 40 kg de plus que mon poids de forme! Les ennuis se sont ensuite enchaînés : Nils a dû être réanimé, intubé plusieurs fois, passer en réa, aux soins intensifs, puis en néonat. Gaspar, petit poids de 1,5 kg, avait beaucoup de difficulté à manger. Alors, mon poids, c’était secondaire! Je me suis très vite délestée de 20 kg, je pouvais enfin remarcher sans me sentir essoufflée à chaque fois, mais mon ventre ! Ce ventre tout mou me complexait tellement… que j’ai longtemps tenté de le cacher en portant mes pantalons de grossesse encore deux ans après l’accouchement.
Puis il y a eu les nuits blanches, la reprise du travail, la peur de mal faire avec mes petits…
J’ai porté mes pantalons de grossesse encore deux ans après l’accouchement! Sabrina 45 ans, maman de Nils et de Gaspar, 4 ans et demi.
Depuis j’ai fondu, mais 10 kg font encore de la résistance. Ils sont devenus mon obsession, mes pires ennemis. J’en perds deux, j’en reprends trois, j’en reperds cinq… Et je découvre régulièrement de nouvelles traces sur mon corps: une varice derrière le genou, de nouvelles vergetures sur le buste, la cicatrice de la césarienne qui se remet à tirer sans crier gare, je suis même passée d’un 39 de pointure à un 41… On vient de déménager, et mon mari a eu interdiction de poser le moindre miroir dans lequel je pourrais me voir de la tête aux pieds. Je ne m’accepte toujours pas. J’envisage sérieusement une opération abdominale quand mon poids sera stabilisé.
Diagnostiquée préménopausée en 2019, je prévoyais de faire prélever mes ovocytes dans l’espoir d’avoir un jour un enfant. J’ai donc arrêté toute contraception, mon gynécologue m’ayant certifié que je ne pouvais pas tomber enceinte naturellement. Mais, alors que mon conjoint, Kevin, apprenait qu’il était atteint à 33 ans d’un cancer du côlon et qu’il devait se faire opérer au plus vite, un miracle s’est produit. Je suis tombée enceinte… mais je n’étais pas heureuse. Évidemment, j’avais peur de perdre Kevin et de me retrouver seule à élever mon enfant, mais je souffrais aussi dans ce corps qui se transformait au fil des mois. Moi qui ai l’habitude de toujours tout contrôler dans la vie, de surveiller ma ligne et mon apparence pour rester jolie et sexy. Je suis même allée voir un psy pour tenter d’apaiser un peu mon mal-être général. Par respect pour Kevin, je souffrais en silence et refusais de partager avec lui mon état. À 6 mois de grossesse, j’ai été rassurée quand les médecins nous ont annoncé que la chimio de Kevin avait fonctionné et qu’il n’y avait pas d’autres tumeurs en vue. Enfin, je commençais à me sentir maman. En revanche, j’étais couverte d’acné et mes seins avaient explosé. Je me sentais vilaine malgré la joie et les compliments de mon amoureux et de mes parents. Je sentais que je n’avais plus aucune prise sur mon corps, alors que je n’ai pris que 12 kg et que mon ventre ne se voyait pas tant que ça. Comme Elya a très vite manqué de place, on a dû déclencher mon accouchement par césarienne à 8 mois de grossesse. Moi qui voulais accoucher naturellement. Encore une déception ! Une hémorragie et 12 heures de sommeil forcé plus tard, j’ai fait la connaissance de ma petite fille, si petite, si fragile. C’était le premier jour du premier confinement. Heureusement, Kevin a pu être là. Après un passage en néonat, Elya et moi sommes rentrées à la maison.
Je ne me sens toujours pas à l’aise avec mon corps
Je ne m’habille plus aussi sexy qu’avant. Céline, 29 ans, maman d’Elya, 16 mois.
Même si j’ai perdu très vite mes kilos. Je n’arrive plus à m’habiller comme avant et suis devenue très complexée. Finies les tenues sexy, j’ai toujours des boutons d’acné, le ventre, ça va à peu près, mais ma peau est plus sèche. J’ai des petits vaisseaux qui apparaissent un peu partout sur les cuisses, alors les jupes… Surtout, j’ai les seins qui tombent, la montée de lait n’ayant rien arrangé, alors que je n’ai pas allaité. En Corse en août dernier, ce fut un véritable défi de remettre un maillot deux-pièces. Je n’ai réussi qu’à la fin du séjour. Dès que j’ai 4 000 € de côté, je me fais refaire la poitrine, c’est sûr! Kevin, lui, me rassure : « Chaque chose en son temps. »