La fratrie: Une société miniature
Qu’ils soient deux, trois ou plus, les frères et soeurs constituent la première sphère sociale dans laquelle l’enfant apprend à se faire une place et à entrer en relation : un exercice essentiel.
Un alter ego qui nous tend un miroir
Mon frère Gabriel, il me fait rire, j’aime bien jouer avec lui, mais on se fâche souvent, il est très énervant », confie Auréa. En vivant côte à côte, Auréa et Gabriel apprennent beaucoup l’un de l’autre. Ils se construisent ensemble. « La fratrie joue un rôle essentiel dans le développement d’un enfant, elle impacte à la fois son identité et ses capacités relationnelles », affirme Nicole Prieur*. En effet, un frère ou une soeur, c’est un alter ego : il ressemble à l’enfant tout en étant différent. En observant son attitude et ses réactions, ce dernier apprend à se connaître lui-même. Son frère (ou sa soeur) lui tend un miroir qui l’aide à s’identifier et à se différencier. « Ainsi, en grandissant, s’entendre avec son frère ou sa soeur, c’est s’accepter soi-même. Mais un frère (une soeur), c’est aussi un modèle qui pousse à se dépasser. »
Trouver sa place et en laisser à l’autre
La place de chacun dans la fratrie pose les bases de sa relation à l’autre : pour l’aîné, il s’agira d’apprendre à lui laisser une place, à accepter son existence, tandis que le cadet devra oser prendre sa place, affirmer son droit d’exister… Ce qu’il fait parfois bruyamment ! Et puis, il y a la place qu’on partage, celle d’enfants au sein de la famille, et là, il s’agit d’apprendre à partager.
L’apprentissage de la relation sociale
La famille est le premier système social dans lequel évolue l’enfant. Grâce aux échanges avec ses frères et soeurs, il observe les comportements et les réactions de chacun et s’exerce à l’une des tâches les plus difficiles: se décentrer pour adopter le point de vue de l’autre et essayer de comprendre ou de prévoir son attitude. Cet apprentissage de la “théorie de l’esprit” s’étend sur des années, entre 6 et 10 ans.
Et si la fratrie est le lieu de bien des heurts, en grandissant, les relations y évoluent vers plus de solidarité : peu à peu, les enfants vont faire corps face à nous. Pourvu qu’ils restent proches et complices à l’âge adulte !