On vous trouve formidable : Elle a eu l’idée d’équiper les poupées des enfants sourds pour leur faire accepter leur handicap
pour leur faire accepter leur handicap
Chaque mois, Parents dresse le portrait d’un super-héros du quotidien. Des gens ordinaires aux combats extraordinaires que notre communauté a voulu mettre en avant.
Ce qui frappe en premier sur l’appel vidéo, ce sont ses yeux. Le regard d’Anne Vandebosch est pétillant, avec de magnifiques yeux bleus et un sourire communicatif. Assistante en cabinet d’audiologie, à Sainte-Ode, elle vient en aide à des parents d’enfants sourds en envoyant des faux appareils auditifs à installer sur les poupées des enfants. C’est par hasard qu’elle est arrivée dans un centre auditif où elle travaille maintenant depuis 30 ans : « Je n’y connaissais rien, mais ça m’a immédiatement passionnée. Rendre l’audition aux gens, c’est génial ! Je me suis plongée dans la recherche, j’ai beaucoup lu, pour bien comprendre. Pendant des années, j’ai accumulé des connaissances, un peu plus que nécessaire pour mon métier. »
Elle souhaite aider avec ce qu’elle sait et s’inscrit sur un groupe Facebook de parents d’enfants sourds. Très vite, elle comprend que le problème principal, c’est l’acceptation de l’appareillage par les enfants. En voyant sur son bureau les appareils de démonstration envoyés par des fabricants, elle a le déclic : « J’ai compris qu’il fallait aider ces enfants à se sentir moins seuls en leur créant des amis à leur image ». Elle propose d’envoyer gratuitement la même version de l’appareillage auditif, le plus identique possible en copiant la couleur, à une maman. Ça marche. Quelques jours après, la mère publie une photo de sa fille portant son appareil, accompagnée de sa “poupée sourde”.
Depuis, 530 courriers sont partis, équipant parfois jusqu’à 10 poupées, dans 11 pays : en Espagne, en France, au Canada, en Belgique… L’hôpital Necker lui a passé des commandes. Des donateurs lui envoient des timbres, une entreprise lui a proposé de créer gratuitement des implants cochléaires en 3D, et une chaîne de solidarité s’est créée, avec des référents “Poupées sourdes” dans plusieurs pays. Équiper une seule poupée demande un peu de technique : « Il faut reconnaître le modèle et demander aux parents les mesures du tour d’oreille du poupon. J’utilise des vernis à ongles pour copier la couleur de l’appareil de l’enfant pour celui de son poupon ou son doudou. » Un travail bénévole qu’Anne Vandebosch accomplit pour l’instant seule : « Jusqu’ici, j’ai toujours réussi à envoyer les appareils le plus vite possible. » Ce qui l’anime maintenant, c’est d’équiper au moins un poupon de chaque école maternelle, partout dans le monde. Pour que les petits écoliers sourds n’aient plus jamais le sentiment d’être seul à porter un appareil auditif et normaliser le regard des enfants autour de ce handicap. Un rêve qui est en train de se concrétiser, car de nombreux parents reçoivent maintenant deux appareils : un pour la maison et un pour l’école.
“J’ai compris qu’il fallait aider ces enfants à se sentir moins seuls en leur créant des amis à leur image.”