Parents

Elle a une amitié exclusive

Elles sont comme les deux doigts de la main : inséparabl­es. Cette belle amitié fait plaisir à voir et est bénéfique à l’enfant, à condition qu’elle ne l’empêche pas de s’intégrer au groupe…

- DOROTHÉE BLANCHETON

Mia parle à longueur de journée de Kenza, sa meilleure amie. Ou plutôt son unique amie, car la petite fille n’a pas vraiment sympathisé avec d’autres camarades. Ses parents s’interrogen­t : ne risque-t-elle pas de davantage s’isoler ? Pour Pascal Mallet*, professeur de psychologi­e du développem­ent à l’université de Paris-Nanterre, « avoir un seul ami n’est pas en soi un problème. L’amitié, par définition, exprime une préférence et demande une certaine exclusivit­é. L’essentiel pour un enfant est d’avoir au moins une relation d’amitié réciproque. Parce qu’il se sent aimé pour ce qu’il est, cette relation renforce sa confiance en soi. »

Nouer une amitié ne va pas forcément de soi

Plusieurs raisons peuvent expliquer qu’un enfant ait un seul ami. Craintif ou solitaire, il n’a peut-être pas envie d’aller vers ses camarades. Il peut aussi être exigeant quant à ce qu’il attend d’un ami, préférant la qualité à la quantité. Il peut également avoir du mal à s’en faire parce qu’il n’est pas facile à vivre… « On constate que des enfants spécialeme­nt timides valorisent plus que les autres la relation avec leur meilleur ami, sans doute parce qu’ils pressenten­t que le remplacer serait difficile. C’est le principal inconvénie­nt de l’amitié unique : en cas de rupture, on risque de rester un temps sans ami », explique Pascal Mallet.

« Plutôt que de s’inquiéter, on considère cette amitié avant tout comme une richesse. »

On s’appuie sur ce duo

Si l’on voit que son enfant en reste à une amitié unique plutôt que d’aller vers les autres, il n’y a pas lieu a priori de s’en inquiéter. On aurait même tort de vouloir mettre un terme à cette relation car l’enfant arrivera mieux à s’insérer dans le groupe avec celle-ci que sans elle. Pour favoriser les échanges, on peut l’inciter à inviter à la maison, en plus du meilleur ami, un autre camarade avec qui il s’entend bien. Plutôt que de s’inquiéter, on considère donc cette amitié avant tout comme une richesse. La pire chose à l’école, dès la maternelle, c’est, selon l’expert, de ne pas avoir d’ami. l

* Auteur de “L’amitié entre enfants ou adolescent­s” (éd. Armand Colin).

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