Elle a une amitié exclusive
Elles sont comme les deux doigts de la main : inséparables. Cette belle amitié fait plaisir à voir et est bénéfique à l’enfant, à condition qu’elle ne l’empêche pas de s’intégrer au groupe…
Mia parle à longueur de journée de Kenza, sa meilleure amie. Ou plutôt son unique amie, car la petite fille n’a pas vraiment sympathisé avec d’autres camarades. Ses parents s’interrogent : ne risque-t-elle pas de davantage s’isoler ? Pour Pascal Mallet*, professeur de psychologie du développement à l’université de Paris-Nanterre, « avoir un seul ami n’est pas en soi un problème. L’amitié, par définition, exprime une préférence et demande une certaine exclusivité. L’essentiel pour un enfant est d’avoir au moins une relation d’amitié réciproque. Parce qu’il se sent aimé pour ce qu’il est, cette relation renforce sa confiance en soi. »
Nouer une amitié ne va pas forcément de soi
Plusieurs raisons peuvent expliquer qu’un enfant ait un seul ami. Craintif ou solitaire, il n’a peut-être pas envie d’aller vers ses camarades. Il peut aussi être exigeant quant à ce qu’il attend d’un ami, préférant la qualité à la quantité. Il peut également avoir du mal à s’en faire parce qu’il n’est pas facile à vivre… « On constate que des enfants spécialement timides valorisent plus que les autres la relation avec leur meilleur ami, sans doute parce qu’ils pressentent que le remplacer serait difficile. C’est le principal inconvénient de l’amitié unique : en cas de rupture, on risque de rester un temps sans ami », explique Pascal Mallet.
« Plutôt que de s’inquiéter, on considère cette amitié avant tout comme une richesse. »
On s’appuie sur ce duo
Si l’on voit que son enfant en reste à une amitié unique plutôt que d’aller vers les autres, il n’y a pas lieu a priori de s’en inquiéter. On aurait même tort de vouloir mettre un terme à cette relation car l’enfant arrivera mieux à s’insérer dans le groupe avec celle-ci que sans elle. Pour favoriser les échanges, on peut l’inciter à inviter à la maison, en plus du meilleur ami, un autre camarade avec qui il s’entend bien. Plutôt que de s’inquiéter, on considère donc cette amitié avant tout comme une richesse. La pire chose à l’école, dès la maternelle, c’est, selon l’expert, de ne pas avoir d’ami. l
* Auteur de “L’amitié entre enfants ou adolescents” (éd. Armand Colin).