Parents

Cas pratique

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Anne-Laure Benattar : Pouvez-vous me raconter comment se passe le coucher de Lana et depuis quand c’est problémati­que ?

Marie : L’accoucheme­nt a été compliqué – en urgence et par césarienne – et on m’a enlevé mon bébé juste après pour le mettre en couveuse, car elle est née prématurém­ent. Ça a duré plusieurs jours et j’ai eu l’impression qu’on me l’arrachait. Depuis le retour à la maison, Lana n’arrive pas à s’endormir seule.

A.-L. B.: Ah oui, je comprends. L’arrivée de Lana n’a pas été facile pour vous et pour elle aussi. Cela peut déclencher des peurs de part et d’autre et un besoin d’être rassuré. Le sommeil peut être alors perçu comme une séparation et rappeler cet évènement.

Marie : Oui c’est exactement ce que je ressens, même si je ne le lui dis pas.

A.-L. B.: Les bébés ressentent tout et Lana m’a l’air très sensible au vu de son agitation dans un environnem­ent nouveau. Vous devez être rassurées toutes les deux. Faisons un petit exercice si vous voulez?

Marie : Oui d’accord !

A.-L. B.: Fermez les yeux et imaginez que vous êtes Lana qui va se coucher. Que ressentezv­ous ? De quoi avez-vous besoin ?

Marie : Je regarde maman qui a l’air paniquée et ne me lâche pas, alors j’ai peur, j’ai pas envie de dormir, même si je suis épuisée. Si je ferme les yeux, je risque de perdre ma maman et de ne jamais la revoir.

On va me l’enlever encore. En plus, elle veut que je dorme, mais me serre contre elle. Elle a une voix douce, mais elle tremble. Que se passe-t-il ? Je ne comprends pas. Marie ouvre les yeux et éclate en sanglots… Je ne pensais pas… tout est de ma faute…

A.-L. B.: C’est super que vous ayez ressenti tout ça. Non, ce n’est pas de votre faute, ni de celle de Lana. Vous avez vécu toutes les deux des moments difficiles, c’est normal. Vous avez besoin de vous rassurer l’une l’autre.

Marie : Comment ? Je n’y arrive pas et mon mari est souvent absent. Lana se réveille et sourit à sa maman, elle semble plus calme que tout à l’heure et bouge un peu plus lentement.

A.-L. B.: Expliquez à Lana ce que vous avez vécu toutes les deux et dites-lui qu’aujourd’hui vous êtes en sécurité. Tout ira bien. Vous pouvez aussi lui dire que ce n’est pas facile pour vous. Marie parle tout doucement, calmement, en racontant son histoire à Lana, qui sourit, comme apaisée. Au bout de quelques minutes, Marie la repose dans son cosy et elle s’endort aisément, sans les bras de sa maman.

A.-L. B.: Bravo Marie, vous avez réussi, à accueillir vos émotions, votre histoire et à être authentiqu­e avec Lana. Cette sincérité est rassurante. Elle peut à présent dormir sur ses deux oreilles !

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