Parents

Il a des tocs !

Se laver les mains compulsive­ment, ranger ses jouets et recommence­r encore et encore… Les tocs sont un moyen pour lui de se rassurer. On l’aide à s’en sortir.

- ÉMILIE VEYSSIÉ

Daniel, 8 ans, de caractère anxieux, ne peut pas s’endormir sans son rituel : aligner toutes ses peluches à leur place, bien précise, vérifier qu’elles sont bien posées et recommence­r le processus s’il considère que ce n’est pas bien fait… Le coucher prend beaucoup de temps, parfois presque une heure. Ses parents sont épuisés et inquiets car il peut se mettre dans une grande colère si on ne le laisse pas réaliser son rituel. Après consultati­on, le verdict tombe : Gabriel est touché par des troubles obsessionn­els compulsifs (tocs). « À l’origine des tocs, il y a une peur de l’enfant, une vraie angoisse : “Si je ne fais pas ce rituel, quelque chose d’affreux risque d’arriver”. L’enfant va alors essayer de se rassurer avec des comporteme­nts répétés », explique le Dr Hugues Lamothe, pédopsychi­atre.

Surtout à l’heure du coucher

Ces tocs peuvent être : se laver les mains compulsive­ment, aligner des objets, réécrire un mot jusqu’à ce qu’il soit parfait, dire 25 fois « je t’aime »… et ils se manifesten­t à partir de 8 ans.

« En général, ces troubles sont masqués à l’école. « Ce n’est qu’une fois à la maison, et surtout à l’heure du coucher, que les tocs apparaisse­nt », précise le pédopsychi­atre. Mais d’où viennent ses troubles ?

Ils sont liés à un dysfonctio­nnement dans le cerveau : il fonctionne trop. La partie qui permet d’inhiber cet hyperfonct­ionnement, et qui se développe à cet âge, ne fonctionne pas. C’est une maladie majoritair­ement génétique. Un enfant peut porter le gène et ne jamais en être atteint. Mais un choc émotionnel ou un gros stress peuvent déclencher ces troubles, bien que la plupart du temps les tocs arrivent spontanéme­nt, sans aucune raison, dans le quotidien de la famille. Un jour l’enfant se réveille avec ses tocs sans que rien n’ait pu prévenir leur apparition.

On le rassure

Et on se déculpabil­ise ! « Ces tocs arrivent sur un terrain favorable, ce n’est pas de la faute des parents ! », insiste l’expert. On va consulter un psychiatre, qui peut prescrire des médicament­s si besoin, mais ce n’est pas toujours nécessaire. On ne rentre pas dans le jeu des tocs en voulant aider l’enfant à les réaliser, car, même si ça semble le soulager, c’est contre-productif ! « La seule façon de le rassurer, c’est de le confronter à sa peur pour que l’enfant constate qu’il ne se passe rien. On ne le fait pas brutalemen­t, mais très progressiv­ement et en douceur. Au lieu de ranger 30 fois ses peluches, l’enfant peut ne le faire que 29 fois », propose le pédopsychi­atre. Et on se rassure : les tocs se guérissent, d’autant plus s’ils sont pris en charge dans l’enfance.

 ?? ?? Lui montrer que rien n’arrivera s’il ne fait pas son rituel, c’est l’aider à s’en sortir !
Lui montrer que rien n’arrivera s’il ne fait pas son rituel, c’est l’aider à s’en sortir !

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