De la frustration dès le plus jeune âge
Deux ans de masques, de lavage frénétique des mains, de tests, de vaccins et de symptômes à guetter. Deux ans de classes qui ferment, de profs absents, de copains cas contacts, de périodes d’isolement à endurer. Deux ans d’activités sportives, de sorties culturelles et de fêtes annulées, de vacances reportées. Deux ans de grands-parents et de proches fragiles à protéger, de parents et de personnel éducatif à bout de nerfs… Comment les enfants, des bébés aux ados, ont traversé toutes ces contraintes ?
« Il est trop tôt pour évaluer tous les impacts sur les “bébés du Covid”, mais ce qui est sûr, c’est que l’anxiété maternelle (qui a été forte pour les femmes qui ont dû accoucher isolées de leur famille, parfois même de leur conjoint, ou ressentir de l’insécurité pour leur travail) a forcément déteint sur les bébés », observe le Pr Duverger. Sans compter les mesures barrières (masques, distanciation sociale) qui, selon le spécialiste, sont contraires au développement naturel du bébé, qui cherche à décrypter les émotions sur les visages pour apprendre à parler, développer son empathie, ses sens, au contact de tout ce qui l’entoure, et à installer des relations de confiance avec les autres. Bref, pour le psychiatre, les retards d’apprentissage, de langage, de gestion des émotions, les angoisses de séparation, sont, dans ce contexte, malheureusement attendus et logiques.