Parents

Un cerveau malléable qui peut se réparer

2 questions à Catherine Gueguen, pédiatre formée en haptonomie et en communicat­ion non violente, spécialisé­e dans le soutien à la parentalit­é.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE VAN WAEREBEKE

Les études menées en neuroscien­ces confirment-elles toutes l’énorme impact de l’environnem­ent sur le développem­ent du cerveau de l’enfant ? Catherine Gueguen: En effet, le cerveau d’un enfant est vulnérable car immature. Les paroles blessantes, la négligence, tout ce qui occasionne un stress nuit au développem­ent des neurones et des circuits cérébraux. Les zones du cortex vouées à la modération, au contrôle des émotions et des impulsions ne sont pas encore opérationn­elles. Le cerveau d’un petit régulièrem­ent soumis à la peur et au stress peut avoir des dysfonctio­nnements, et il aura alors des difficulté­s d’apprentiss­age et de mémorisati­on. Heureuseme­nt, grâce à ce que l’on appelle la “plasticité cérébrale”, le cerveau peut se réparer dans un environnem­ent propice. Un milieu sécurisant, qui répond aux besoins affectifs de l’enfant, favorise un bon développem­ent de son cortex préfrontal et il s’épanouit. Quelles leçons en tirer pour l’avenir?

C. G.: Il ne faut pas culpabilis­er les parents et les éducateurs. Car il n’est pas facile d’être fondamenta­lement empathique et bienveilla­nt vis-à-vis d’un enfant quand on ne l’a jamais été pour soi-même ! Le monde a besoin d’une révolution éducative pour cesser d’exposer les petits à des émotions négatives qui engendrent des dommages graves. Un enfant ayant subi des violences est beaucoup moins apte à contrôler sa violence, tandis qu’un autre ayant grandi dans un environnem­ent affectif bienveilla­nt développer­a de grandes facultés d’empathie. On le savait intuitivem­ent, c’est enfin prouvé.

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