Elle touche à tout
Toucher à tout fait partie intégrante de l’expérience nécessaire à l’enfant pour s’épanouir. Comment l’accompagner tout en évitant les dangers ?
Ana, 18 mois, veut tout voir, tout toucher. Jouer avec le téléphone de maman, appuyer sur les touches de l’ordi… Bien que désireux de ne pas la freiner dans son exploration, ses parents ne peuvent pas non plus lui laisser tout expérimenter ! Comment trouver le juste milieu ?
À la découverte du monde…
« Tout est nouveau pour notre bébé et pour comprendre le monde qui l’entoure, il a besoin de toucher à tout. C’est normal et ça fait partie de son développement. Pour les parents, c’est une étape qui demande de la vigilance, car il faut éviter les potentiels dangers, et beaucoup de patience aussi, l’exploration étant un recommencement éternel pour le petit enfant… Tant qu’il pense qu’il a encore à apprendre de cet objet insolite ou rigolo, il va tenter de s’en emparer. De plus, il s’intéresse aux objets que ses parents manipulent, et cherche à imiter leur comportement en se les appropriant », explique Stephan Valentin, docteur en psychologie, spécialiste de l’enfant et de l’adolescent*. Enfin, la capacité d’attention de notre loulou étant limitée à une dizaine de minutes, rien d’étonnant à ce qu’il passe, en quelques minutes, de la télécommande de la TV à la souris du PC, puis au vase du salon !
« On évite d’arracher l’objet de ses mains ou de lui donner une tape sur ses doigts, au risque de provoquer incompréhension, frustration et colère. À son âge, il ne peut pas deviner ce qui est défendu ni les conséquences de ses gestes. Je propose de reprendre l’objet doucement en accompagnant de mots simples, puis de faire diversion : “Je sais que tu es très intéressé par mon portable, mais c’est à maman… et regarde, j’ai quelque chose de super à te montrer avec lequel tu pourras jouer !”. Bien souvent, un magazine qu’il pourra déchirer, une vieille téléco sans piles, un jouet oublié peut le distraire… », indique Stephan Valentin.
… et de ses limites !
« Mais quand l’enfant s’est mis en tête de vouloir absolument prendre un objet qui lui est interdit, on ne peut pas éviter la frustration. C’est donc important de lui dire qu’on comprend bien ses désirs, mais qu’on ne peut pas toujours dire oui, que c’est dangereux ou fragile, et qu’il n’a pas le droit d’y toucher », conclut le psychologue. Et on patiente : cette phase dure jusqu’à 2 ans et demi-3 ans ! *Auteur du livre ci-contre et de “Moi, je ne suis pas un mouton”, dès 4 ans, éd. Pfefferkorn.