Parents

Elle fait de grosses colères

Mais pourquoi donc se met-elle dans cet état et comment l’apaiser ?

- ÉMILIE VEYSSIÉ

Depuis peu, Emma, 2 ans et demi, fait de grosses colères : elle hurle, lance ses jouets, se roule par terre, frappe ses parents et, parfois, les mord. Ces crises se déclenchen­t lorsque sa maman ou son papa lui refusent quelque chose ou ne font pas ce qu’elle voudrait. La psychiatre Anne Raynaud* se veut rassurante : « Les colères du petit enfant sont tout à fait normales. À cet âge, il est balayé par des tsunamis émotionnel­s, et le cerveau n’est pas en mesure de réguler ses émotions. C’est neurologiq­ue. »

Ce n’est pas un caprice !

L’élément déclencheu­r des crises ? L’enfant a le sentiment que ses parents ne sont pas disponible­s pour lui, mais pas forcément à l’instant de la crise. « Cette indisponib­ilité que ressent l’enfant lui fait fondamenta­lement peur, elle lui est propre et ne remet pas en cause les moments passés avec ses parents. Il a peur de perdre leur proximité. Il se met donc en colère car, à cet âge, il n’a pas encore la maturité cérébrale pour demander de l’attention autrement », explique le Dr Anne Raynaud. Ce n’est pas un caprice ! L’enfant ne cherche pas à embêter ses proches ou à mettre le bazar, il fait face à une émotion qui le dépasse.

Quand il fait une crise, on ne l’isole pas car il se sentirait encore plus en insécurité, on reste proche de lui, on le sécurise, on peut lui dire : « Je reste à côté de toi, je reconnais que tu es en colère, mais pour l’instant c’est comme ça que ça se passe. » Puis, on lui fait un câlin s’il en a envie.

On fait une activité ensemble

« La sécurité émotionnel­le de l’enfant s’appuie sur la cohérence, la prévisibil­ité et la stabilité de son parent, donc c’est important d’avoir le même comporteme­nt à chaque fois », rappelle le Dr Anne Raynaud. Pour désamorcer les colères en amont, elle préconise de faire des “temps précieux”. C’est-à-dire passer du temps, chaque jour si possible, avec son enfant individuel­lement en faisant une activité qu’il aime afin de lui montrer notre disponibil­ité. Les colères baissent alors en intensité et en fréquence. En revanche, on n’hésite pas à consulter si l’enfant ne fait jamais de colères, ce qui peut s’apparenter à un retrait relationne­l (il pense qu’il ne peut pas être entendu, donc il s’isole des autres). De même, si notre loulou ne communique avec nous qu’en hurlant et en criant, le pédiatre pourra nous orienter vers un psychologu­e ou même un psychiatre pour dénouer la difficulté.

* Directrice de l’Institut de la parentalit­é (institut-parentalit­e.fr) et autrice de “Enfant sécurisé, enfant heureux”, éd. Marabout.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France