Elle est accro aux dinosaures
Figurines, puzzle, livres… son univers est rempli de T-Rex !
Alice, 5 ans, n’a d’yeux que pour ces terrifiantes bêtes. Une passion étrange ? Pas tant que ça selon la psychologue Florence Millot* : « À cet âge, il est fréquent d’être passionné par un sujet en particulier. Un engouement qui peut perdurer ou cesser du jour au lendemain ».
Comprendre l’origine du monde (et la sienne)
Jusqu’au CP, l’enfant se pose de grandes questions philosophiques, « il s’interroge notamment sur son identité, ses origines et sur le monde », constate Florence Millot. Or, les dinosaures symbolisent le commencement : ce qu’il y avait avant elle, ses parents, les premiers hommes. Ainsi, par leur biais, « elle s’offre un bond dans le passé fascinant et mystérieux » note la psy. S’intéresser aux dinosaures lui permet en outre de développer son imaginaire et de s’instruire. À commencer par l’apprentissage de leurs noms, pas franchement simples à mémoriser.
Prendre le pouvoir, exprimer ses pulsions
« Leur vouer un culte traduit aussi une envie de puissance commune à cet âge, car ces prédateurs régnaient sur le monde », souligne la psychologue. D’ailleurs, l’enfant jette généralement son dévolu sur ceux dotés de grandes dents et d’une queue avec des pics comme le Tyrannosaurus Rex. Et « quand il joue avec, c’est pour les faire se bagarrer, se mordre, ce qui répond symboliquement à son fantasme de dévoration », décrypte-t-elle. En effet, si dans la vraie vie, la violence est interdite, voir des dinosaures se mordre semble normal, et l’enfant peut exprimer son agressivité, apprendre à se défendre, s’affirmer. En outre, si ces prédateurs effraient, pas de danger puisqu’ils n’existent plus ! Le conseil de la psy : on peut soutenir sa passion à travers d’autres déclinaisons : activités manuelles, expositions, etc.
Et on ne s’inquiète pas qu’il s’entiche de ces êtres féroces. « Au contraire, plus l’enfant exprime son agressivité à travers le jeu, moins il l’est en principe dans la vie ».
*Florence Millot est également autrice de “Communiquer de façon non violente avec les enfants” (éd. Courrier du Livre)