Parents

Je me sens plutôt comme un adulte référent.

Coline, mère de Basile, 18 mois, belle-mère de Noémie, 20 ans, Louann et Camille, 16 ans.

- PROPOS RECUEILLIS PAR SIDONIE SIGRIST

Mon conjoint a trois enfants. Quand on s’est rencontrés, l’aînée avait 15 ans et les jumeaux, 11. J’étais assez jeune et j’avais envie de vivre mon histoire avec légèreté, spontanéit­é, de partir sur un coup de tête en week-end ou en vacances. Ce qui n’était pas possible pour lui : il était père célibatair­e de trois enfants, il avait des responsabi­lités qui, à l’époque m’échappaien­t. Ça a donné lieu à des tensions, à quelques disputes, et à de nombreuses discussion­s !

Puis on a organisé une première rencontre informelle avec eux chez un ami commun.

Ces enfants m’ont tout de suite plu, j’ai été séduite par leur personnali­té, et ça m’a beaucoup rassurée. Ils sont entrés dans ma vie petit à petit. Ils sont venus en Ardèche, chez mes parents, et je passais souvent chez eux, le soir. Lorsqu’on a décidé de vivre tous ensemble, au bout de trois ans, c’était une période où j’avais moins de boulot et mon conjoint commençait un nouveau travail. J’avais peur de passer d’une vie assez indépendan­te à un quotidien aux fourneaux, avec la charge de quatre personnes sur les bras. On a balisé l’ensemble des tâches et mis en place un roulement assez strict sur l’organisati­on de la vie quotidienn­e, pour que chacun participe, que ce soit mettre la table, débarrasse­r ou s’occuper du linge. J’avais l’habitude de vivre en colocation et j’ai reproduit ce mode de fonctionne­ment-là! Je n’avais pas envie d’être l’emmerdeuse qui court après tout le monde. Je voulais entretenir de bonnes relations avec les enfants. Du coup, en cas de souci, je passais par leur père, qui était mon intermédia­ire et faisait un rappel à l’ordre si c’était nécessaire.

De temps en temps, on convoque une réunion de famille…

C’est un moment où chacun dit les petites choses qui agacent chez l’autre – l’éponge de la vaisselle non essorée, les miettes du petit déj non essuyées, la bouteille de lait au frais non remplacée… Ce sont souvent des petits points de détail, mais qui peuvent crisper au quotidien. Cette “réunion de famille” est l’occasion de les exprimer et d’essayer de respecter les petites manies de chacun. Avec mon conjoint, on n’a pas le même modèle d’éducation. Il est plutôt strict, parfois sévère. Moi, j’ai plutôt tendance à me ranger du côté des ados plutôt que de celui du “parent”. Je les coache pour mieux négocier avec leur père! J’ai envie de faire d’eux des adultes indépendan­ts, un peu rebelles. Je contredis donc volontiers leur père, ce qui l’agace autant que ça l’amuse. Donc tant mieux.

Mon statut de “belle-mère” d’adolescent­s, à 33 ans, a fait beaucoup sourire mon entourage. C’était l’objet de petites blagues qui me vexaient un peu. Au début, je n’assumais pas du tout ce rôle-là, ce statut-là. Aujourd’hui, je me sens plutôt comme un adulte référent, alternatif à leurs parents, sur qui ils pourront toujours compter. »

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