Il s’invente des rôles
Docteur, maître, chevalier, astronaute ou même un parent, votre enfant a plusieurs casquettes ! C’est normal et ça l’aide à grandir.
« Ce jeu prouve en outre qu’il a beaucoup d’imagination sera sans doute et qu’il doué en rédaction à l’école ! »
On aurait dit que j’étais le maître et toi l’élève », lance Léo, 6 ans, à sa petite soeur. « La veille, il jouait le papa. Chaque jour, il s’empare d’un nouveau rôle », s’étonne sa mère. Pourtant, comme le souligne le pédopsychiatre Stéphane Clerget* : « S’inventer des rôles fait partie du développement normal de l’enfant entre 4 et 6 ans. Cela fait partie des jeux classiques de l’enfance depuis l’Antiquité. » À l’époque, point de super-héros, « on jouait aux chevaliers, aux princesses, à la sainte et bien sûr à la maman. Jouer au docteur est apparu plus récemment, au XIXe siècle ». Les rôles évoluent avec la société et les personnages marquants autour de l’enfant.
Un jeu aux super pouvoirs
En s’inventant des rôles,
« il s’empare du pouvoir et manifeste son envie de grandir en se projetant dans le futur », décrypte Stéphane Clerget, car ce sont les adultes qui ont des pouvoirs. Ce jeu marque aussi sa capacité à se détacher de lui-même en s’imaginant être quelqu’un d’autre, étape fondamentale à cet âge.
Et qu’il sait faire preuve d’empathie. « Par le biais du jeu, il apprend à s’adapter socialement, à gérer les conflits », note le Dr Clerget. Se mettre dans la peau d’un prince, d’un sorcier ou de son maître lui permet en outre de partager ses envies, ses rêves et ses peurs. Par exemple, s’il a été grondé en classe, rejouer la scène en prenant la place de l’adulte l’aidera à digérer l’émotion.
Sa perception des autres
Le jeu de rôle est également pour l’enfant un moyen de nous raconter son quotidien. Et sa perception de son entourage. « Souvent, le parent voit son enfant parler sèchement à sa poupée et estime ne pas s’exprimer ainsi. Pourtant, il nous imite mais ne se base parfois que sur un moment qui l’a marqué », rapporte le pédopsy. Idem, s’il joue un maître strict. Celui-ci ne l’est sans doute pas toujours, mais c’est ce que l’enfant retient. On peut le questionner, sans être trop intrusif sinon il risque de ne plus jouer devant nous, conscient de nous dévoiler ses émotions, son intimité. Et s’il s’énerve, crie en jouant avec ses personnages ? Stéphane Clerget rassure : « Il est dans son monde intense, plein d’imaginaire. Rien d’alarmant tant que ça reste dans le cadre du jeu. »