Parents

Caroline Couty accueille une famille ukrainienn­e

Chaque mois, Parents dresse le portrait d’un super-héros du quotidien. Des gens ordinaires aux combats extraordin­aires qui oeuvrent pour le collectif.

- PROPOS RECUEILLIS PAR SIDONIE SIGRIST

Comme beaucoup de Français, c’est un élan du coeur qui nous a donné envie d’accueillir une famille ukrainienn­e. Nous habitons à Pantin, avec mon mari et mes deux fils, Melville, 12 ans, et Laszlo, 10 ans. Avec la chance d’avoir un peu d’espace, notamment une chambre d’amis. On en a parlé entre nous, puis aux enfants, pour évoquer ce que ça impliquait, sans trop savoir comment ça allait se passer. Laszlo était d’accord pour laisser sa chambre et partager celle de son frère. On s’est inscrits sur la plateforme du gouverneme­nt (“Je m’engage pour l’Ukraine” N.D.L.R.), mais c’est par l’intermédia­ire de nos voisins que nous avons accueilli Marianna et ses deux enfants, Nikita, 3 ans, et Eriq, 15 mois, qui ont fui la ville de Lviv. Avec des amis et des voisins, on a rassemblé le matériel nécessaire pour les recevoir (lit parapluie, chaise haute…).

On vit ensemble depuis plusieurs semaines.

Il y a eu une vraie rencontre. Marianna parle anglais, ça facilite nos échanges. Les enfants n’ont pas besoin de parler la même langue pour se comprendre. Ils jouent, s’apprennent des mots, c’est touchant. Les week-ends, on organise des visites, on leur montre un peu Paris : balade en bateau-mouche, pique-nique au Jardin des Plantes. On a fêté les 3 ans de Nikita, organisé une soirée ukrainienn­e avec une autre famille. Mais notre quotidien est aussi rythmé par l’actualité de la guerre. Marianna reste connectée aux alertes et elle est en lien avec son mari. Pendant le piquenique, elle a appris qu’une bombe avait frappé à 50 m de son mari. Elle s’est effondrée.

On s’est vite rendu compte que l’accueil ne se résumait pas à ouvrir notre maison.

Il y a le soutien quotidien, émotionnel, mais aussi l’aide administra­tive. J’ai accompagné Marianna à la préfecture ou à l’Ofii (Office français de l’immigratio­n et de l’intégratio­n) dans ses démarches pour avoir l’autorisati­on provisoire de séjour, une carte de paiement ADA, un numéro de Sécurité sociale… J’ignore s’il existe des aides pour les familles d’accueil. Ces démarches demandent du temps. J’ai la chance de travailler à mon compte, d’aménager mes horaires. Sans compter l’élan solidaire des voisins. Mais si cela ne repose que sur nos propres ressources, ce n’est pas une solution pérenne. Youri, le mari de Marianna, a trouvé un moyen légal de quitter l’Ukraine pour un mois. Avec les enfants, ils vont passer du temps, tous les quatre, en Croatie. Si la situation en Ukraine ne s’améliore pas d’ici là, elle rentrera en France. Elle a trouvé une solution de garde et aussi un moyen d’exercer en France : les médecins ukrainiens peuvent exercer sans équivalenc­e de diplôme. Ce qui change complèteme­nt la donne pour elle. »

« Les enfants n’ont pas besoin de parler la même langue pour se comprendre. Ils jouent, s’apprennent des mots… »

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 ?? ?? Avec l’aide de ses voisins et d’autres familles d’accueil, Caroline et ses proches ont pu accueillir Marianna et ses deux enfants, qui ont fui Lviv et, plus globalemen­t, les horreurs de la guerre en Ukraine.
Avec l’aide de ses voisins et d’autres familles d’accueil, Caroline et ses proches ont pu accueillir Marianna et ses deux enfants, qui ont fui Lviv et, plus globalemen­t, les horreurs de la guerre en Ukraine.

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