Parents

Il a peur que maman ou papa meure

Comment désamorcer cette angoisse et lui faire comprendre qu’il ne sera jamais seul au monde ?

- MAGALI VOGEL

Antoine, 7 ans, est inquiet : « Maman, je ne veux pas que tu meures… Je vais faire quoi moi, sans toi ? » Depuis quelques mois, il est affolé à l’idée que sa mère, Angèle, décède, surtout depuis que la Covid-19 a bouleversé sa vie. Autour de lui, il entend des enfants raconter qu’ils ont perdu leurs grandspare­nts, des proches… Pas étonnant que la mort soit devenue une vraie angoisse pour lui et revienne régulièrem­ent dans les discussion­s. Du coup, sa maman se fait du souci. « L’enfant a peur de choses qu’il ne contrôle pas, qu’il ne connaît pas, ou d’être seul au monde », explique Hélène Romano, psychothér­apeute spécialisé­e dans le psychotrau­matisme. De fait, la mort cristallis­e chez Antoine ces trois grandes craintes et il n’est pas le seul dans ce cas !

Une maladie qui s’attrape…

« L’enfant avant 9 ans pense que la mort n’est pas universell­e et surtout qu’elle s’attrape », poursuit Hélène Romano. Et de manière générale, les enfants de 6-8 ans sont terrorisés, à un moment ou à un autre, à l’idée que l’un de leur parent soit contaminé par ce qu’ils pensent être une maladie. La solitude, l’abandon ou encore la perte sont des sujets récurrents, et tout à fait normaux, dans l’évolution de l’enfant. Si ces angoisses se verbalisen­t par la peur de la mort vers 6 ans, elles ont pris d’autres formes durant la petite enfance, comme la peur de l’étranger (6 mois), l’angoisse de séparation (8 mois, 3 ans)… Et chaque stade d’évolution réactive ces angoisses de perte. « Depuis la Covid-19 et la guerre en Ukraine, de plus en plus d’enfants de cet âge comprennen­t le caractère définitif de la mort, car ils ont expériment­é la perte d’un proche ou se mettent à la place d’orphelins qu’ils voient à la télé depuis cette guerre. » La psychothér­apeute ajoute : « Un enfant qui a fait face à la mort connaît la douleur du deuil. »

On en parle librement

Faut-il s’inquiéter qu’un enfant pense, souvent, à la mort de sa mère ? Non. « Il est plutôt sain qu’en grandissan­t, il réagisse aux angoisses de séparation. Cela témoigne de capacités émotionnel­les, d’un niveau de maturité cognitive et de liens d’attachemen­t élaborés avec ses parents », rassure Hélène Romano. Pour soulager son stress et apaiser notre loulou, on lui en parle simplement et, surtout, on ne ment pas ! « Le plus rassurant n’est pas de lui dire qu’on ne va pas mourir, mais qu’on mourra quand on aura fini de vivre et, surtout, qu’il ne sera jamais seul au monde. » En revanche, s’il est submergé par cette angoisse d’abandon liée à la mort et refuse de se séparer de nous, on demande de l’aide à un spécialist­e de la petite enfance.

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