Parents

On part du parc, il court à l’autre bout !

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Quand il s’amuse, il a du mal à accepter que ça s’arrête. La frustratio­n, encore nouvelle pour lui, est difficile à gérer. « L’enfant est dans l’ici et le maintenant. Quand il veut manger, on le sert, quand il veut un câlin, il l’a… Il ne comprend pas qu’il existe des obligation­s et peut imaginer qu’on veut nuire à son bonheur. Alors il fuit », explique Emmanuelle Juillard.

On fait quoi ?

On le prévient en arrivant que l’on devra partir à telle heure. On lui indique sur la montre et on programme une alarme qui sonnera 10 minutes avant, le temps qu’il se fasse à l’idée. « C’est intéressan­t de dépersonna­liser à l’aide d’une alarme. Ce n’est pas nous qui décidons que c’est fini, c’est le temps de jeu qui est terminé et la sonnerie qui retentit. Ça évite de passer pour le méchant parent », glisse l’art-thérapeute.

Ce n’est pas facile tous les jours de rester zen, compréhens­if ! Mais on y arrive, en prévenant, en anticipant…

Il ne range pas ses habits

Habitué à ce qu’on fasse tout pour lui, il ne voit guère l’intérêt de ranger. Loin de l’amuser, il voit plutôt ça comme une contrainte. L’ordre s’acquiert progressiv­ement avec une période propice entre 18 mois et 6 ans, mais ça demande de la patience.

On fait quoi ?

On définit une place pour ses habits et on lui explique où ils se rangent. Pour lui faciliter la tâche, on place un portemante­au à sa hauteur dans l’entrée, on colle des pictos de T-shirts sur le tiroir dédié… « Quand on lui donne une consigne, on s’assure qu’on est dans son champ de vision, on le regarde et on lui touche gentiment l’épaule pour capter son attention. On joint le geste à la parole en rangeant nous-même un habit car il y a plusieurs canaux de communicat­ion : le visuel, l’auditif, le kinesthési­que. On passe beaucoup par l’auditif alors que l’enfant y est moins sensible », note Emmanuelle Juillard. Il refuse de s’y mettre ? On lâche prise. L’experte propose d’avoir un poufcoffre dans lequel on met tout ce qui traîne. On n’a pas rangé à la place de l’enfant, mais le salon reste net. Quand il en aura assez de trouver son pull à côté d’une chaussure sale et de figurines, il s’y mettra !

Il refuse de manger ses légumes

« À partir de 2-3 ans, une néophobie alimentair­e peut apparaître. Elle touche 80 % des enfants et les amène à être sélectifs sur la nourriture », explique Nadège Larcher, psychologu­e, formatrice en éducation bienveilla­nte à Tours et co-fondatrice d’Apprendre à communique­r. Plusieurs hypothèses : il est dans sa phase d’affirmatio­n et veut contrôler sa nourriture ; il imite le refus de ses camarades ou son frère aîné... Une autre piste avancée : au temps des cavernes, ce comporteme­nt méfiant pouvait protéger l’enfant – qui commençait à gambader seul – des aliments dangereux.

On fait quoi ?

On évite d’en faire un problème, un enjeu affectif ou d’opposition. On lui propose de goûter à raison d’une bouchée par année : Il a

3 ans, il mange trois bouchées. On lui annonce la quantité qu’on lui demande de goûter et on s’y tient. S’il boude la purée de haricots, mais les aime entiers, on n’insiste pas. On lui cuisinera dans la forme qu’il aime la prochaine fois.

« Si c’est un vrai dégoût, c’est une émotion primaire qu’il ne contrôle pas. Inutile de le faire goûter à tout prix », prévient la psychologu­e. Et on ne fait pas de chantage au dessert. Il pourra quand

même en manger un.

Il traîne des pieds pour faire ses devoirs

La journée d’école a été longue et il est naturel qu’il rechigne à travailler. S’il rencontre des difficulté­s d’apprentiss­age ou que ce moment a déjà été source de tensions, il peut redouter aussi de faire ses devoirs. Il a peutêtre aussi commencé à jouer...

On fait quoi ?

Après le goûter, on passe aux devoirs avant qu’il n’ait eu le temps de jouer. On laisse du choix à son enfant.

« On peut lui demander par quoi il veut commencer ses devoirs : le plus facile ou le plus compliqué ? Où veut-il les faire ? », suggère Nadège Larcher. On essaye de rendre ce moment ludique : plutôt que de réciter ses tables de multiplica­tion, on fait un jeu de société à base d’opérations… On visionne une vidéo en lien avec sa leçon… « Pour les très opposants, on passe un contrat : je suis disponible pour t’aider jusqu’à telle heure, après c’est fini. Soit tu t’y mets avec moi, soit tu les fais tout seul ou pas du tout et tu te débrouille­s avec ton professeur », conseille Nadège Larcher.

Tablette, télé… Il ne lâche pas les écrans

Les dessins animés, les jeux vidéo sont créés pour capter l’attention. À la fin de l’épisode, on découvre le début d’une nouvelle intrigue et l’enfant veut connaître la suite. « Son cerveau est happé et nourri de dopamine, une hormone synonyme de plaisir », constate Nadège Larcher. Difficile de quitter cette sensation de bien-être.

On fait quoi ?

Pour limiter la frustratio­n, on annonce combien d’épisodes on le laisse visionner ou de parties de jeux vidéo on lui accorde. On se tient prêt vers la fin de l’épisode pour l’aider à éteindre. S’il n’y arrive pas, on éteint soi-même sans répéter la consigne. On peut aussi paramétrer un compte enfant sur Youtube pour déterminer le nombre d’épisodes. Et on tient bon !

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