Parents

Elle a mal au ventre

Le syndrome de l’intestin irritable touche 5 % des enfants, entraînant des douleurs abdominale­s pénibles mais sans gravité.

- ÉMILIE GODINEAU

Ana, 5 ans, se plaint régulièrem­ent d’avoir mal au ventre, autour du nombril, souvent après les repas. Elle a aussi fréquemmen­t des selles liquides qui sentent fort, et dans lesquelles on retrouve des petits morceaux d’aliments non digérés. À part ça, elle mange bien, dort bien et grandit bien ! Rien d’inquiétant donc, mais comme Ana a parfois très mal, ses parents préfèrent consulter le pédiatre. Celui-ci se veut rassurant : l’examen ne montre rien d’anormal, la courbe de croissance est bonne, il n’y a pas de signe d’alerte comme du sang dans les selles, Ana souffre probableme­nt d’un syndrome de l’intestin irritable. Celui-ci se définit comme l’associatio­n de douleurs abdominale­s depuis plusieurs mois avec diarrhée et/ou constipati­on.

Un intestin sensible

« Il s’agit d’une maladie dite “fonctionne­lle”, c’est-à-dire sans anomalies au niveau des organes. Cependant, les enfants atteints ont une sensibilit­é augmentée de l’intestin et des troubles de la contractio­n intestinal­e, trop rapide ou trop lente. Ils présentent aussi un microbiote particulie­r avec des bactéries qui vont favoriser la fermentati­on de certains sucres (appelés FODMAPs) », explique le Dr Julie Lemale, gastroenté­rologue à l’Hôpital Trousseau à Paris. Le problème apparaît parfois après une infection qui a déséquilib­ré le microbiote. Il n’est pas rare aussi que les parents soient eux-mêmes touchés. Enfin, le stress a tendance à majorer les symptômes : « les enfants atteints ont souvent une obsession de la performanc­e et se mettent trop de pression », indique le médecin.

On limite certains aliments

On peut donner des antispasmo­diques pour relâcher les muscles intestinau­x et faire des cures de probiotiqu­es pour rééquilibr­er le microbiote. Mais ce qui donne de bons résultats, c’est de revoir son alimentati­on. « Pendant 2 à 4 semaines, on diminue les aliments riches en FODMAPs (lactose du lait, fructose des fruits, fibres des légumes…) pour voir si les symptômes s’améliorent, puis on les réintrodui­t un par un pour voir lesquels entraînent une récidive et les quantités tolérées », conseille le Dr Julie Lemale. Pour éviter toute carence, mieux vaut être accompagné par un.e diététicie­n.ne. Dans tous les cas, on limite les aliments problémati­ques mais on ne les supprime pas. L’enfant a besoin de manger de tout pour bien grandir !

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