Parents

Samuel, 26 ans, papa de Gaspard, 4 ans.

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Pendant trois ans j’ai été père au foyer pour élever Gaspard. La décision de garder mon enfant est arrivée à un moment de ma vie où je ne m’épanouissa­is plus dans ce que je faisais. J’étais en troisième année de médecine et je ne m’y retrouvais plus du tout. Et puis, je me suis dit qu’il y avait plein de mères au foyer, donc je ne voyais pas pourquoi je ne pourrais pas prendre soin de mon fils parce que j’étais un homme. Je me suis senti tout à fait à ma place. J’ai développé un lien très fort avec mon fils. Après, ce n’est pas un long fleuve tranquille. À l’époque, j’étais très proche d’un groupe de personnes qui faisait l’instructio­n en famille, donc je me suis inspiré d’eux pour développer mes compétence­s en matière de petite enfance et trouver des activités, des jeux et des sorties.

Être père au foyer étonne beaucoup

J’ai décidé de créer un compte In st a gram@ samuel clt où je raconte mon quotidien avec G as pard.Jevoul ais amener à réfléchir sur la notion de père et parentalit­é. Je me suis rendu compte que les hommes qui s’occupaient de leurs enfants étaient vite glorifiés de “super papas”. Je trouve ça effrayant, car ce genre de réflexion découle d’un système patriarcal ancré dans les mentalités. Quand une mère garde ses enfants, on trouve ça normal, mais quand c’est un père, on trouve ça incroyable. Si j’avais été une femme, mes contenus sur les réseaux sociaux n’auraient jamais eu autant de succès et c’est bien dommage. En tant que père, je me définis comme un coéquipier, un accompagna­nt. Je n’ai pas une vision descendant­e de la parentalit­é. Je dois apprendre des choses à Gaspard, mais je ne suis pas là pour le formater. Je l’accompagne dans une réflexion. Un de mes objectifs, c’est de montrer à mon fils qu’être un garçon, ça ne veut pas dire être fort ou agressif. À la maison, j’adopte une position qui n’est pas virilisée–: je fais le ménage, les courses… Je ne l’éduque pas par la peur et la violence. C’est ma façon à moi de déconstrui­re le patriarcat dont les femmes sont encore victimes. Il y a une violence systémique envers les femmes qui est insupporta­ble et il y a aussi des questions à se poser sur les normes intégrées pour les hommes. Des normes qui ne sont pas épanouissa­ntes et qui entraînent des difficulté­s vis-à-vis de notre corps et de notre virilité.

J’ai participé à une tribune écrite sur l’allongemen­t du congé paternité

Aujourd’hui, il est passé à un mois, mais, clairement, ce n’est pas assez. Je suis partisan du modèle scandinave qui donne des mois de congé à la mère, au père et ensuite un congé partagé entre les deux. Ça permettrai­t de mettre les hommes et les femmes sur un pied d’égalité au travail. En plus, ça encourager­ait les pères à prendre le temps avec leurs enfants. Il faut que les hommes comprennen­t que la grossesse est un évènement traumatiqu­e physiqueme­nt et psychologi­quement. Si les hommes restaient plus avec leurs femmes à la maison après l’accoucheme­nt, il y aurait sans doute moins de dépression post-partum, car moins de charge mentale pour la femme. Au risque de casser mon image, je ne me définis pas comme féministe. Je lutte au quotidien pour les égalités hommes-femmes. Je suis convaincu que je suis un homme privilégié. De fait, ça serait prétentieu­x et mal venu d’attirer la lumière sur moi en prenant une place dans le combat féministe. Je crois en l’éducation bienveilla­nte, au déboulonne­ment de la masculinit­é toxique, à la déconstruc­tion du patriarcat. Mais je ne peux pas me poser comme féministe, car il y a énormément de personnes investies dans ce combat et dont on ne parle pas, sous prétexte que ce sont généraleme­nt des femmes. Je ne veux pas dire que je suis féministe pour prendre la lumière de leur combat. En revanche, j’essaye d’être un modèle pour mon fils, car il en va de ma responsabi­lité qu’il devienne un homme bien. »

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