Il a peur du docteur
Quelques pistes pour aider son enfant à dédramatiser.
Dès qu’il passe la porte du cabinet médical, Lucien, 2 ans et demi, commence à s’agiter. Dans la salle d’attente, il s’impatiente et file régulièrement vers la sortie. Lorsque le médecin l’appelle, la crise commence. Lucien hurle, donne des coups…
Il a une telle peur du pédiatre qu’il faut quatre mains pour le déshabiller et le maintenir lors de l’examen médical. Un moment difficile pour lui, pour sa mère, et une consultation délicate pour le médecin. Le Dr Catherine Devoldere, Présidente de Sparadrap*, pédiatre et chef de service d’hématooncopédiatrique au CHU Amiens-Picardie analyse : « Plusieurs raisons expliquent cette panique. Durant ses deux premières années, lorsqu’un enfant va chez son pédiatre, la consultation se finit, souvent, avec deux vaccins.
Et en plus de ces rendez-vous programmés, il a certainement consulté pour un problème médical, accompagné d’une douleur (otite, gastro-entérite, angine…). L’enfant va garder en mémoire la douleur. »
Et par la suite, il va associer cette douleur à la visite chez le docteur.
Parler pour désamorcer la peur
Cet inconfort, Lucien s’en souvient très bien. Il a eu des otites à répétition. Pour qu’il soit plus serein, on atténue sa peur grâce à une bonne communication.
« À partir de 2-3 ans, l’enfant à la mémoire des lieux, des visages et des événements. Ainsi, mieux vaut ne pas le surprendre en le mettant devant le fait accompli. Avant le rendez-vous, on lui explique où il va aller, pourquoi et comment ça va se passer ». Communiquer avec son enfant est l’une des clés de la réussite. Le choix des mots est aussi important : on positive en disant que le médecin va vérifier que tout va bien. Si l’enfant n’est pas surpris, il pourra anticiper et même participer en jetant l’abaisse-langue à la poubelle, etc.
On ne ment pas
On peut détailler la consultation et les actes pratiqués avec des mots simples, on peut aussi s’aider d’un livre sur le sujet. L’enfant a besoin de savoir comment ça va se passer, du déshabillage, en passant par le retrait de sa couche, à l’examen de ses parties intimes, si besoin il y a. « L’enfant a conscience de son corps. Il a le droit de savoir ce qu’on va lui faire. Il ne doit pas subir », poursuit le Dr Devoldere. À cet âge, les enfants sont souvent dans une phase d’opposition. « Durant la conversation, il dira certainement qu’il ne veut pas aller chez le médecin. Il ne s’agit pas de négocier, mais d’informer. On lui explique que c’est nécessaire. On se rend compte qu’au bout d’un moment, l’enfant finit par adhérer. Mais on ne lui ment pas ! » Le jeu peut aussi être utile. Les petits aiment l’imitation et jouer au docteur, ça peut l’aider à s’apaiser et se sentir maître de la situation. Quoi qu’il en soit, mieux l’enfant sera préparé, mieux il vivra sa visite chez le médecin.