Quoifaire?

Après l’échange qu’Aurélie Callet a eu avec Suzanne, elle lui donne des conseils et des exercices à faire avec Ava, pour sortir de cette opposition systématique.

1.J’ai l’impression que ce sont les tâches du quotidien qui sont un peu galères : il faudrait essayer de lui faire sa routine du soir de manière imagée et ludique, avec des pictos de ce qu’elle doit faire. Dès qu’elle a accompli une tâche, elle cache la photo avec un mini-post-it et quand elle a tout fait, il reste le plus cool : votre moment à toutes les deux.

2.Vous prenez une feuille où vous dessinez un rectangle basique.

Listez tout ce qui doit être fait : le bain, le pyjama, le dîner, etc. Ça prend la moitié du temps jusqu’au coucher : coloriez la moitié du rectangle en bleu. Puis utilisez un stylo de sa couleur préférée, le rose donc, et griffonnez l’autre partie du rectangle en lui disant : « en rose, c’est le moment des histoires ou d’un jeu toutes les deux. » Il faut qu’il y ait un petit moment sans son frère, même 10 minutes symboliques. Ensuite, vous dessinez un autre rectangle qui représente la manière dont ça se passe actuellement : il y a 90 % de bleu. Montrez-lui et demandez-lui si elle a envie de récupérer plein de rose sur les soirées, en lui rappelant que ça dépend d’elle. Vous pouvez lui dire que vous avez confiance en elle et que vous adoreriez avoir plein de moments avec elle.

3. Ensuite, je pense que pour votre fille, il y a quand même un fond de rivalité. Je fais un exercice avec les enfants dans mon cabinet que vous pouvez transposer chez vous. Sur une feuille blanche, faites une colonne des petits frères et une colonne des grandes soeurs : vous demandez à Ava de lister tout ce qu’elle trouve cool dans chaque groupe. Vous notez ses réponses en essayant d’être le plus possible sans réaction, même si elle dit « les petits frères, on les aime plus ». Vous allez tout de suite voir quelle colonne est la plus remplie. Il faut qu’elle n’ait aucun doute sur le fait que plus on grandit, plus c’est la liberté et plus la vie est chouette. Et si elle a du mal à trouver des avantages dans la colonne des grandes soeurs, aidez-la : « Toi tu sais faire du vélo, tu peux aller au resto, tu ne fais plus de sieste ». Vous pouvez aussi lui demander : « Est-ce que tu ne serais pas un peu jalouse ? Tu penses que ce serait mieux que tu redeviennes petite ? » Il faut aller dans le sens de son émotion et qu’elle se sente autorisée à dire les choses. Quand elle est en colère, elle a du mal à le faire.

4.Il faut qu’elle comprenne que les négociations, c’est fini.

Tant que son pyjama n’est pas mis, dites-lui que ce n’est pas la peine qu’elle vienne vous voir : « Tu vas quand même devoir le faire, mais moi, je ne rentre plus dans ces conversations : c’est gâcher ton temps, mon temps, notre soirée. Je suis dans le salon avec ton frère et papa, on joue et on adorerait que tu sois avec nous. » Et surtout, quand elle a enfilé son pyjama, n’hésitez pas à la féliciter : « Je suis trop contente, tu as été tellement rapide ! Si tu continues comme ça, ce n’est pas deux mais trois histoires qu’on va lire, j’ai trop hâte. » Il faut qu’elle puisse comparer et s’apercevoir que ses négociations vous laissent indifférente.

5.Ça

va vous faire du bien d’arrêter de discuter mille ans. Tenter de nouvelles choses peut faire remonter votre capital patience. Observez aussi ses comportements avec un oeil plus extérieur. Ne soyez pas dans le réactionnel et l’émotionnel, mais dans l’analyse. En prenant de la hauteur, ça va vous donner d’autres clés. Le plus important est d’avoir tout bien expliqué avant, dites-lui que vous l’aimez et que c’est pour ça que vous avez besoin que les choses changent.

6.Comme votre fille a désormais 6 ans, proposez-lui de lui faire une “chambre de grande” :

enlevez tout ce qui est déco de bébé, aménagez un plus grand bureau, accrochez une guirlande lumineuse… Sa chambre doit redevenir un cocon.

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉMILIE LALANDE