Un automne en trois actes
Meilleure saison pour pêcher le bar, l’automne présente plusieurs visages. Entre l’été indien et le mois de décembre, nous devons nous adapter aux changements de comportement des bars, liés à la baisse constante des températures. Explications en trois act
Enfin un peu de calme sur notre littoral ! Trois semaines après le retour des vacanciers, l’effervescence qui régnait sur les côtes aux mois de juillet et août est belle et bien finie.
Acte 1. 21 septembre - 21 octobre : l’été en pente douce...
Ce premier mois d’automne s’annonce donc comme un nouveau départ. Globalement, deux cas de figure se présentent souvent lors de cette période. Ils conditionnent la façon de pêcher et d’aborder les postes.
Premier cas : l’été fait de la résistance
Même si la trajectoire du soleil tend à être de moins en moins élevée, cette période nous offre encore de belles journées où la température ambiante reste estivale. En cas de régime anticyclonique où les vents de nord et d’est lissent la mer comme un lac, les conditions de pêche seront plus délicates et s’apparenteront à celles de l’été. Pour mettre un maximum de chance de son côté, il est conseillé de pêcher tôt le matin ou tard le soir, d’être particulièrement discret dans l’approche des postes et d’utiliser des petits leurres de 8 à 10 cm (cf. PEM n°385/août). Tout change radicalement en cas de dépression avec son lot de vents, dont la direction peut variée de sud- ouest à nordouest. La houle qui peut se former rapidement, le temps d’une marée parfois, a pour effet de sortir presque immédiatement les bars de leur “léthargie estivale”. L’agitation des eaux leur permet d’approcher leurs proies au plus près. Dans ces conditions, vous avez le loisir de pêcher toute la journée si le coeur vous en dit, avec de réelles chances de piquer un bar, même entre onze et quinze heures. Ne négligez pas pour autant le coup du matin et du soir, ils restent incontournables. Tous les pêcheurs patentés vous le garantiront !
Pêchez la couche d’eau supérieure
En action de pêche, choisissez de prospecter en priorité la couche d’eau supérieure qui est restée relativement chaude depuis le dernier été. Des poissons nageurs qui évoluent à environ un mètre sous la surface seront très efficaces. Ils sont nombreux et chaque pêcheur a ses préfé-
rences. Toutefois, quelques-uns d’entre eux restent des valeurs sûres. Pour les poissons nageurs j’ai un faible très prononcé pour le Flashminnow 110 SP, le Arnaud 110, et le Megabass X-80 magnum. Comme leurres de surface, je pêche très souvent avec le Patchinko (Xorus), le Bonny (Illex) ou l’Asturie (Xorus). Ils permettront aux débutants ou aux pêcheurs peu expérimentés de se concentrer uniquement sur la recherche des postes susceptibles d’abriter de jolis poissons. Les marées à forts coefficients ont un effet très similaire à une dépression soudaine. Quand les coefficients sont croissants, la mer monte très haut sur l’estran et recouvre alors une micro faune marine riche et variée qui s’est développée rapidement grâce à la chaleur des derniers jours d’été. Crevettes, petits poissons, puces de mer… Sont alors à la merci de poissons plus ou moins gros. Les bars profitent aussitôt de cette manne alimentaire. Seul inconvénient susceptible de se produire : beaucoup d’algues qui ont proliféré sous le soleil d’été se retrouvent à l’eau. Parfois, elles sont si nombreuses qu’il est impossible de pêcher. Elles disparaissent souvent lorsque les coefficients décroissent, la mer les dépose alors à l’endroit où elle les avait cueillies.
Acte 2. 21 octobre - 21 novembre : les gros en première ligne !
Alors que la couleur des feuilles vieillissantes commence à rougir ou à jaunir, les bars sont en regain d’activité. C’est “LE” mois charnière ! Celui de tous les espoirs où les plus beaux sujets prennent la place des plus petits sur les spots riches en nourriture. Les gros bars préparent déjà la fraye et stockent un maximum de calories sous forme de graisse. C’est aussi la période où les poissons sont le plus en forme, de véritables obus au bout d’une ligne ! Le combat avec un poisson de 2 à 3 kg n’est jamais gagné. La touche est souvent très violente et les nombreux rushs, longs et puissants, qu’il vous imposera
seront mémorables. La moindre défaillance du pêcheur ou du matériel est fatale. Au début de cette période bénite, pensez à augmenter de 5/100ème le diamètre de votre tresse et de votre fluorocarbone, idem si vous utilisez du fil. Votre moulinet doit être en parfait état de fonctionnement avec un frein très précis et très progressif.
Des leurres plus volumineux
Au choix, ils cibleront toujours la proie la plus volumineuse possible. J’en ai fait l’expérience en vidant l’estomac d’un joli poisson de 2,5 kg. J’ai été impressionné par ce qu’il avait avalé : un tourteau en décomposition dont la carapace faisait 10 cm de long et le reste d’un poisson que je n’ai pu identifier. Sa longueur avoisinait 20 cm ! Rien que ça ! Ce qui ne l’avait pas empêché de se jeter goulument sur mon leurre… Le moment est donc venu de pêcher avec des modèles plus volumineux. Donc, choisissez des leurres qui mesurent entre 10 et 20 cm : pour les poissons nageurs classiques (Flashminnow 140, Tide Minnow slim 175, le Marine gang en 14 cm), pour les leurres de surface (Super Spook 12,5 cm) ou pour les leurres souples (One Up shad en 12,5 cm ou 15 cm). En plus de représenter un mets à la hauteur de l’appétit des bars, ils ont l’avantage de déplacer plus de volume d’eau. Les carnassiers les repèrent d’autant mieux. Pour accentuer le phénomène, il est conseillé d’animer son leurre de façon erratique quitte, parfois, à forcer le mouvement. C’est également le moment de commencer à prospecter toutes les couches d’eau même si les bars préfèrent, surtout en début de mois, chasser près de la surface. Ce n’est pas une règle absolue. Les automnes se suivent et ne se ressemblent pas toujours et les températures sont très différentes selon que vous pêchiez en Méditerranée, en Bretagne-Sud ou - Nord ou dans la Manche. Néanmoins, que l’on pêche dans n’importe quelle région, en cas de vague de froid précoce, les bars se trouvent souvent à proximité du fond et il est alors souvent inutile de pêcher en surface.
Mes plus beaux bars !
C’est durant cette période que j’ai piqué mes plus gros bars. Et même s’il est encore possible d’en prendre dans peu d’eau sur des plages rocheuses à faible dénivelé, il est fortement conseillé lorsque les fonds sont plus importants (entre 7 à 15 m) de pêcher près de ces derniers. La raison en est simple. Suite à la chute des températures, la couche d’eau supérieure soumise à l’air ambiant se refroidit rapidement. Les poissons fourrages vont regagner le fond pour retrouver une zone plus chaude. En effet, ces couches d’eau profondes bénéficient encore de températures accumulées lors de la saison estivale. La pêche aux leurres souples est donc incontournable. Il ne faut pas pinailler sur la taille afin de proposer aux “pépères” des proies dignes de leur appétit ! N’oublions pas non plus que les gros poissons évitent de “courir” après un petit poisson (à moins de la présence d’un banc) qui va
lui faire brûler plus de calories que ce dernier va lui en apporter.
Acte 3. 21 novembre - 21 décembre : pour le meilleur ou pour le pire !
C’est la période où la réussite de vos parties de pêche dépend intégralement de la météo. Un hiver trop précoce avec des averses de neige en début de mois de décembre cloue la gueule de la majorité des poissons et souvent définitivement. Alors que des températures plus clémentes en continuité avec celles d’un automne doux permettent souvent de pêcher jusqu’au jour de Noël, ce qui signe pour moi la fin de ma saison de pêche. Ainsi, je suis sûr de les respecter en cas de frayes précoces. Dans ce deuxième cas de figure, la rupture avec la période précédente n’est pas trop sensible. Les gros poissons sont toujours présents mais la baisse des températures, bien que modérée, reste inéluctable. Je pêche souvent avec des leurres souples pour tenter les bars qui se trouvent presque exclusivement près du fond. En action de pêche, il convient d’adopter une vitesse de récupération légèrement moins rapide qu’à l’accoutumée. Attention, à cause des fonds importants et de l’agitation d’une mer de novembre, la touche ne traduit pas toujours la grosseur du poisson qui a mordu. Au moindre doute, il faut ferrer énergiquement avant que le bar ne recrache très rapidement le leurre qu’il vient d’engamer. Aussi, pour optimiser vos chances, je vous conseille d’utiliser des leurres souples avec une texture la plus molle possible. Parmi les nouveautés 2017, le leurre Yum Pulse distribué par Flashmer, sort du lot. Son aîné, le One Up shad de Sawamura distribué par Ultimate Fishing fait toujours des merveilles. En tout cas, je conseille d’utiliser des leurres souples en forme de poisson dont la résistance à l’eau, grâce à leur caudale, est plus importante qu’un slug qui donne sa pleine mesure sur des pêches un peu plus sensibles. En effet, il est très important de bien maîtriser l’évolution et de bien sentir son leurre par mer houleuse.